Nos traces ont été balayées,
nos lieux dévorés par le sable,
nos fêtes converties en flambées
qui dispersent leur midi illusoire.
Nous contemplons le désastre.
Toutes les créations de nos yeux
s’effondrent.
Nous respirons
la séparation. Le schisme
est notre
refuge.
Nulle lumière qui nous enlace
mais une fois
coula la liqueur abandonnée,
d’inconnues forces d’union
jaillirent pour marquer au feu
la vie entière.
Maintenant
je veux sentir sur moi l’alliance
qui abattit nos visages.
Rends-moi l’éclat
et les yeux qui lui appartiennent.
Le vin s’est éclipsé.
Les jours des amants passent eux aussi.
Excellence du vivant sur le vécu.
Côte qui s’éloigne,
tu peux
m’accorder le pouvoir
de vivre ailleurs.
*
Despedida
Nuestras inscripciones fueron barridas,
nuestros lugares devorados por la arena,
nuestras fiestas convertidas en fogatas
que avientan su ilusorio mediodía.
Contemplamos la devastación.
Todas las creaciones de nuestros ojos
se hunden.
Respirarnos
separación. El cisma
es nuestro
refugio.
No hay luz que nos enlace
pero una vez
corrió el licor abandonado, desconocidas
fuerzas de unión manaron para marcar a fuego
toda la vida.
Ahora
quiero sentir sobre mí la afianza
que anonadó nuestros rostros.
Devuélveme el fulgor
y los ojos que le pertenecen.
El vino se ha eclipsado.
Los días de los amantes también pasan.
Excelencia de lo vivo sobre lo vivido.
Costa que se aleja,
puedes
darme el poder
de vivir en otra parte.
***
Rafael Cadenas (Barquisimeto, 1930) – Trois poètes vénézuéliens (Editions du Murmure, 2014) – Traduit de l’espagnol (Vénézuela) par François Migeot.