Partir tant que les jambes me portent

Partir pour ne plus revenir: ah la belle affaire
partir pour ne rien retenir, pour ne rien voir venir
pour se vautrer dans l'oubli
d'un soupir transi
à force de vouloir sans pouvoir
le rêve se craquelle, s'empoussière
allumer un bûcher et m'en débarrasser
me délester de tout ce qui me pèse, m'enserre
partir
à l'aube quand la lumière est vacillante, timide
quand elle s'excuse presque de voir le jour
pas de regrets, un peu beaucoup énormément
les eaux troubles le regard trouble, je ne sais pas
belle phrase que je répète en boucle : je ne sais pas
est-ce que ça me tourmente; est-ce que ça m'indispose
dans le doute, je préfère m'abstenir
le dos courbé, je marche à tâtons
j'avoue je confesse j'admets
je vous le concède
grand point d'interrogation
même plus la force
d'un cri
le soir au-dessus des jonques
d'un cri déchirant le ciel
d'un cri transperçant la nuit
crevant l'abcès
partir
tant que les jambes me portent