Le cadre, c’est la famille, et Sofia va en sortir. Sans doute pas de façon intentionnelle, du moins au début. On ne sait pas ce qu’elle pense, avec son visage fermé, ses yeux qui s’efforcent de cacher les sentiments. Ce n’est pas une fille rebelle. C’est presque encore une enfant, l’enfant de la maison, « notre seule fille ». Très vite s’installent autour d’elle différentes strates de la société marocaine : la tante mariée à un Français, la cousine qui fait des études de médecine, les parents dont l’ascension sociale est enfin envisageable, et une autre famille qui vit à Derb Sultan dont on comprendra que ce quartier de Casablanca est plutôt pauvre et mal famé. Les premiers parlent français, les autres arabe. Sofia parle quelques mots de français avec sa cousine mais son ancrage est dans la langue arabe. La loi marocaine punit de prison les relations sexuelles hors mariage. Sofia découvre en même temps que nous qu’elle est sur le point d’accoucher, et elle n’a pas de mari. Petit à petit, elle va apporter des réponses aux questions que lui posent sa cousine, puis sa tante et sa mère. Les adultes veulent préserver l’honneur de la famille, voyant en Sofia d’abord une mauvaise fille puis une victime. Mais Sofia ne se voit pas comme une victime. Son air buté est aussi l’expression de sa volonté. Elle veut contrôler sa vie et croit que l’amour vient au fur et à mesure. « Les coups de foudre c’est dans les films ». Elle perçoit les intérêts des uns et des autres, va comprendre les enjeux d’une manipulation, seule possibilité de trouver sa place dans la société. Mais la société, la morale broient les individus.
Ce film a obtenu le prix du meilleur scénario dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes 2018.