Patrick Paige II « Letters of Irrelevance » @@@@½
Sagittarius Laisser un commentaireThe Internet est devenu au fil des albums un groupe phare des années 2010. Leur musique ‘quiet storm’ nous attire dans leur toile dont il devient impossible d’en réchapper. Au début une fraction de l’incontrôlable collectif Odd Future, la bande a évolué dans le bon sens et arrivé à mûrissement, les membres ont tour à tour commencé à s’émanciper en solo à partir de 2017 après trois albums ensemble. Dans l’ordre chronologique : Matt Martians avec l’OVNIesque The Drum Chord Theory, suivi de la chanteuse Syd the Kyd avec un Fin sulfureux, le génial Steve Lacy avec un EP de démos et maintenant leur bassiste, Patrick Paige II.
Celui qui portait le pseudonyme Patrick The Great au début de leurs aventures avec Purple Naked Ladies est plutôt resté en retrait par rapport au tandem Syd/Matt et Steve Lacy, qui a rejoint l’équipe en cours de route et dont l’étendue de son talent s’est exposé au grand jour en concevant plusieurs titres sur Ego Death, Fin mais en bossant aussi sur DAMN., avec Goldlink, Jonwayne, Kali Uchis… L’interrogation avec Letters of Irrelevance se situe au niveau de la capacité de notre musicien à proposer un album qui puisse égaler ceux de ses collègues. Vu que la note tue le suspens, et le nombre de replay de cet album en une semaine, autant répondre par l’affirmative. Ce gars est juste incroyable !
À première vue, ça avait la gueule d’une collection de morceaux qu’il a lui-même conçu durant des nuits blanches. Du moins pourrait-on l’imaginer en regardant la pochette et l’extrait audio « Silent Night« , interprété par une inconnue répondant au nom de Diana Sumro, deux indices qui mettaient la puce à l’oreille. C’est au fil des écoutes alors qu’on découvre le garçon, un homme qui se met nu, et nous fait découvrir sa voix sur le titre nusoul « The Best Policy« , avec un rap assez parlé. Suit le double single « On My Mind/Charge It To The Game« , où l’on reconnaît d’entrée la voix de son éminent confrère Thundercat, ainsi que celle de Syd the Kyd, sur le refrain de la première partie du moins. Il s’agit d’un morceau très personnel destiné à sa soeur avec qui il tente de garder contact depuis la disparition de leur mère. La seconde moitié ralentit le tempo et passe sur mode screwed and chopped du meilleur effet. Piste 4, « Voodoo« , cette fois Patrick chante pour ce magnifique hommage à D’Angelo. Trois morceaux pour convaincre, et faire l’unanimité. Brillant le jeune homme !
Il n’y a pas beaucoup de morceaux mais chacun a son importance, même l’interlude « Heart and Soul » d’où jaillit un solo de guitare électrique, ou bien « Voicemail« . J’en profite au passage pour citer les autres musiciens présents sur ce projet : Andris Mattson (Moonchild) et Paris Strother (KING). On retrouve encore la mélancolie et le spleen d’un Thundercat (avec qui Patrick a collaboré sur Drunk d’ailleurs) sur « Ode to Inebriation » et « Red Knife » avec la chanteuse Daisy, juste avant de lancer la « Party Song » funky et lounge qui se termine par une ride by night sur « Get It Wit My Niggaz » avec G Perico. L’état d’esprit est très changeant, pour le moins captivant avec cette proximité qui s’installe avec Patrick Paige. Pour terminer cette petite virée en sa bonne compagnie, « The Last Latter » achève Letters of Irrelevance, comme il a commencé, avec une douceur soul nocturne guidée par une guitare électrique de nouveau.
Plus qu’un projet ‘Soundcloud’ particulièrement travaillé, ce premier essai est une véritable révélation. Ce gars ignorait jusque là -je pense- qu’il était en fait le secret le mieux gardé de The Internet. Ça promet pour le prochain album de la formation, Hive Mind programmé pour le 20 Juillet 2018, déjà que le groove de leur tout nouveau single « Roll (Burbank Funk) » est très, très appétissant. Next, au tour de leur claviériste Christopher Smith de se lancer?