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It Follows (2014), David Robert Mitchell

Par Losttheater
It Follows réalisé par David Robert Mitchell

Quatre ans après The Myth Of The American Sleepover, un teen-movie doux et planant passé complètement inaperçu en France, It Follows marque le retour de David Robert Mitchell. Sur l’idée, It Follows semble beaucoup plus approprié à trouver son public. Alors que The Myth proposait un regard qui paraissait de loin plus ronflant sur l’adolescence oisive, It Follows renferme un pitch beaucoup plus curieux mais qui n’est pas pour autant un rejet de ce qu’avait proposé son premier film. Au contraire, la tristesse rêveuse envahie ici toute l’intrigue d’It Follows.

La souffrance polluante devient symbolique. Alors qu’elle vient de coucher pour la première fois avec son petit-ami, Jay se retrouve persécutée par une menace qui prend forme humaine. Le film aurait pu s’apparenter à un slasher bête et méchant qui massacre tout sur son passage, il n’en fait rien. Il choisit de se concentrer sur un personnage central atteint d’un mal qui lui colle aux trousses. Ainsi, il étend le chemin de sa terreur où la peur à laquelle on croît échappé ne cesse de nous revenir en pleine face. Jay a beau s’enfuir, elle ne parvient jamais à s’éloigner de l’horreur, simplement car elle en est le vaisseau.

It Follows tient tout dans cette image de fruit pourri de l’intérieur. En surface, tout est beau et idéal (les adolescents qui paressent sans un parent autour d’eux), ce qui permet au réalisateur de placer quelques références bien senties comme Carpenter ou Romero. Mais à l’intérieur, l’infection se propage. Même la mise en scène, aérienne et sûre de sa maîtrise, vient contredire le récit anxieux qui n’empêchera jamais l’horreur de se répandre dans les beaux quartiers de Detroit où se déroule le film. Jouant habilement avec les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, David Robert Mitchell n’accorde que peu de répit à ses personnages qui ne trouvent que des refuges temporaires. Cet état neurasthénique constant pourrait pourtant porter préjudice à cette histoire. Le scénario prend son plus grand risque lorsqu’il jongle entre une terreur allégorique, imagée, allusive et une terreur ancrée dans la réalité. Il serait pourtant trop facile de reléguer It Follows à une simple mise en garde contre les maladies sexuellement transmissibles. Le film devient d’ailleurs lui-même un vaisseau, un échantillon de ce que représente notre époque. Alors que dans The Myth Of The American Sleepover, les adolescents sont rêveurs et évoluent dans un monde incertain, It Follows contemple le terrain dans lequel ils avancent. Un terrain amer, qui au-delà des apparences renferme une peste nauséabonde prête à attaquer. Loin du boogeyman tangible d’un Halloween, David Robert Mitchell met en scène une menace qui peut prendre n’importe quels traits. La vierge effarouchée du film de John Carpenter prend ici une toute autre tournure. Bien sûr, il s’agit bien de conter de manière effroyable la perte de l’innocence et du passage à l’âge à adulte, avec tous les risques que cela inclus, mais aussi de poser un regard sur l’état du monde et son propre anéantissement vu de l’intérieur.

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