Michelle Grangaud a publié, en 2000, un livre intitulé Souvenirs de ma vie collective. Si le titre de ce livre d’une oulipienne me fait penser au livre d’un autre oulipîen, Georges Perec, Je me souviens, le procédé n’est pas le même. S’attachant à aligner des phrases relatant un souvenir partagé avec d’autres, Michelle Grangaud utilise une figure de style appelée dorica castra, qu’on retrouve dans la comptine « Trois p'tits chats, trois p'tits chats, trois p'tits chats, chats, chats / Chapeau d' paille, chapeau d' paille, chapeau d' paille, paille, paille / Paillasson, paillasson, paillasson, -son, -son… »
C’est la reprise d'un même son de la fin d'une unité au début d'une autre unité. Ici, l’unité sera la phrase.
Voici les premières phrases du livre de Michelle Grangaud :
« Le temps, déguisé en temps voulu, sort de la nuit des temps.
Étendue sans limite des jours qui déclinent.
Clignotant rouge du répondeur téléphonique, luisant dans l’obscurité, vers deux heures du matin.
Atteint de somnambulisme, le boulevard vagabonde sombrement et en solitaire entres les grands lampadaires.
Derrière le monde, il y a du monde et d’autres mondes.
Ondulation permettant de remettre ce qu’on peut faire le jour même dans la poche du lendemain.
Main tenant l’extrémité du tuyau d’arrosage, comprimée par le pouce pour mieux diriger le jet d’eau et en augmenter la portée.
Portée de canetons se dirigeant en file indienne vers la mare aux canards, avec la dignité d’une troupe qui s’exerce pour le passage en revue. »
Je vous propose de partir d’une de ces huit phrases et de prolonger le texte de trois autres phrases en utilisant ce procédé de dorica castra.
Exemple :
Le temps, déguisé en temps voulu, sort de la nuit des temps.
Tant d’effort pour rien, dit le soleil, j’étais là avant lui.
Luisant de la rosée matinale, une fleur décide d’ouvrir ses pétales.
Alors le jour n’a plus d’autre choix que de se lever.
C’est à vous main tenant. Envoyez vos phrases ainsi composées dans les commentaires ci-dessous. Merci.