Regardant la photo que j’ai prise de la grotte d’Olivier Beaudelocque exposée à la MACParis, j’essaie de comprendre ce qui m’a touché. Est-ce ce que j’ai pris pour un monstre, un géant, le cyclope Polyphème empêchant les compagnons d’Ulysse de sortir ? À le regarder aujourd’hui, je me demande si ce n’est pas un dieu créateur de l’univers, mélangeant avec un bâton la glaise dont il fait des humains au bord d’une rivière. Ou l’artiste lui-même maniant un outil qu’il fige dans son oeuvre.
Une fois écartée cette présence, je vois dans la scène quelque chose qui me rappelle le Déjeuner sur l’herbe de Manet. Tout y est, le panier, un groupe de trois personnes (deux hommes, une femme), une autre personne à l’écart (une femme) la verdure et la rivière. Le point-de-vue a changé et le moment saisi.
Sur le plancher, près de cette grotte, sous une chaise, il y avait un livre : le Journal d’Eugène Delacroix. Sans doute déjà lu et relu. Qui semblait attendre que quelqu’un prenne le temps de s’asseoir et de lire à nouveau. Aucun doute : Olivier Beaudelocque s’inscrit dans l’histoire de l’art.