Trois artistes exposaient ensemble au 59 Rivoli, à Paris. Deux d’entre eux travaillent les affiches, le troisième présente une oeuvre qui, si elle est présentée sur des toiles, évoque ici et là les peintures murales.
C’est par les regards que je suis entré dans l’exposition, les photos de Louimari Maudet. Des affiches qu’il a photographiées dans le monde (et particulièrement en Inde et en Afrique du Sud) ne restent souvent que les yeux. Étranges regards qui semblent sortir du mur, qui ne sont plus support d’un message publicitaire ou politique, mais qui semblent exprimer leur propre intention. Quand tout, autour est déchiré, effacé, brûlé, ne reste plus que l’essentiel. Il ne s’agit pas de reconstituer des affiches lacérées, comme le firent Raymond Hains et Jacques Villeglé, mais bien de saisir ces yeux dans la rue qui ne nous laissent plus tranquilles une fois qu’on les a vus. Et de chercher à renouer le dialogue avec ces figures qui m’ont fait penser aux regards des portraits du Fayoum.
Isabelle Marty rassemble ce qui reste d’affiches de cinéma et donne à voir des souvenirs, donc des morceaux. C’est une oeuvre de mémoire, vraiment. L’affiche est suffisamment explicite pour qu’on reconnaisse le film dont il s’agit mais il ne nous en revient que des moments, une ambiance, des lambeaux.
Ameen Khaleel a trouvé sa place dans les deux niveaux de cet espace, d’abord sans doute par l’amitié qui le lie à Louimari Maudet, mais aussi parce que ses toiles font une sorte de transition entre les deux collectionneurs d’affiches : ce sont des murs, des parois évoquant également des traces du temps.