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Les emprunts plus chers...

Publié le 03 juillet 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Jeudi, 03 Juillet 2008 21:47

Les emprunts plus chers...La BCE relève son principal taux directeur à 4,25% pour faire face à une inflation record de 4% dans la zone euro.

C'était annoncé. Priorité à la lutte contre l'inflation...Les risques de récession devront être jugulés par des moyens autres que financiers. Peut-être...  En dépit des pressions et des exhortations des milieux politiques, financiers et syndicaux, la Banque centrale européenne a décidé de relever d'un quart de point à 4,25% son principal taux directeur. Un pari risqué : ce jeu ne sera-t-il pas insuffisant pour juguler l'inflation tout en étant   trop négatif pour la croissance ?  

Voilà  un mois, Jean-Claude Trichet avait déjà évoqué la possibilité d'une telle décision pour tempérer les dangers de surchauffe inflationniste. Depuis, l'augmentation des prix à la consommation a atteint le seuil record de 4% sur un an en juin, selon un chiffre provisoire, principalement à cause du pétrole cher et de l'envolée des prix des aliments face auxquels la BCE est impuissante. Et les dernières hésitations de Trichet ont été levées par une (relative) stabilisation du dollar.

En remontant ses taux, la BCE espère éviter que ces tensions persistantes ne se propagent à l'ensemble de l'économie et se transforment en un dérapage durable des prix. Sa mission prioritaire consiste à garder les prix stables à moyen terme, à savoir légèrement en dessous de 2%. De ce point de vue là : mission bien remplie.

D'ailleurs, d'autres banques centrales ont fait des gestes du même type : Russie, Brésil, Suède...

Mais les tendances inflationnistes viennent d'ailleurs. Peut-on se montrer rigoureux dans un océan (sous influence américaine) de facilité sinon de laxisme ? Bien des milieux d'affaires et bien des dirigeants politqiues ne sont pas les seuls à se montrer sceptiques ou hostiles.

Les emprunts plus chers...

La confédération européenne des syndicats a pris une position très tranchée

Elle estime que cette décision est  « incompréhensible ».
« >> Resserrer la politique monétaire à un moment où l'économie va déjà être confrontée à un grave ralentissement au cours des trimestres à venir, ainsi qu'à des turbulences financières, revient à renforcer les facteurs de récession.
>> Etrangler l'économie de la zone euro ne permettra guère de faire face aux causes réelles de l'inflation car l'inflation élevée est essentiellement importée du reste du monde, à travers des prix pétroliers élevés.

 >> Les taux d'intérêt élevés de la zone euro aggraveront encore la chute du dollar, imprimant ainsi aux prix pétroliers une poussée supplémentaire.
>> Les effets inflationnistes secondaires résultant des salaires sont et resteront absents ».

Pour la Confédération,  la décision de la BCE est « dangereuse, contreproductive et inutile. Ce sont l'économie européenne et les travailleurs européens qui en paieront à la fois le prix ».Selon Reiner Hoffmann, Secrétaire général adjoint de la CES : « La BCE devrait comprendre que nous ne vivons plus dans les années soixante-dix. Les spirales inflationnistes prix-salaires appartiennent au passé ».

De nouvelles statistiques publiées aujourd'hui traduisent cette conjoncture défavorable à la croissance donc au niveau de vie des salariés et à l'emploi.

*L'indice composite PMI de la zone euro, qui synthétise l'activité des secteurs des services et manufacturiers, a été encore moins bon que prévu en juin, traduisant les premières baisses d'activité depuis 5 ans.

*Si les ventes de détail ont rebondi en mai, faisant mieux que prévu avec une hausse de 1,2% sur un mois, cela ne compense pas les mauvaises performances des mois précédents et ne marque pas, selon des économistes, le début d'une relance de la consommation

Les deux taux de la BCE qui encadrent le taux de refinancement ou "refi" ont également été relevés d'un quart de point à 3,25% pour le plancher et 5,25% pour le plafond, a aussi annoncé une porte-parole de la BCE. Ces facilités sont peu utilisées par les banques.

Logique :  avec  la hausse des taux de la BCE, l'épargne liquide sera mieux rémunérée mais les taux de crédits vont augmenter.

<<<Au chapitre des bonnes nouvelles, le taux du livret A, fixé à 3,50 % depuis le 1er février pourrait passer à 3,75 % voire 4 % net, le 1er août, son plus haut niveau depuis douze ans. Les 45 millions d'épargnants qui en détiennent un devraient profiter, du moins à ce titre, de la hausse conjuguée de l'inflation et des taux d'intérêt à court terme.

Le livret bleu (Crédit mutuel), le livret de développement durable (ex-Codevi) et le livret d'épargne populaire devraient connaître des hausses de taux similaires. À moins que, comme il l'a fait en janvier, le gouvernement n'invoque des « circonstances exceptionnelles » pour en limiter la progression.

Les rémunérations des sicav monétaires et des comptes à terme seront elles aussi boostées par le resserrement monétaire.Ces placements, très bien rémunérés, profitent déjà de l'envolée des taux d'intérêt à court terme, en partie alimentée par l'anticipation de la hausse des taux de la BCE

<<< En revanche, le tour de vis monétaire de la BCE ne va pas arranger les affaires des emprunteurs, déjà pénalisés depuis un an, par des taux de crédit qui se tendent sous l'effet de la crise financière. Certains ont d'ailleurs fait les frais ces dernières semaines de cette hausse annoncée. Les marchés obligataires ont anticipé ce durcissement monétaire de la BCE, ce qui s'est traduit par une hausse significative du taux de l'OAT à dix ans. Et par conséquent par un renchérissement de 0,20 % en moyenne des emprunts à taux fixe  Cette tendance risque fort de se poursuivre.

Les prêts à taux variable, indexés sur les taux à court terme, devraient subir le même sort. Ce qui pour certains ménages se traduira par une hausse des mensualités et du coût total de leur emprunt. En revanche, selon les spécialistes,  les taux des crédits à la consommation, qui ont déjà augmenté de 1 % depuis un an, ne devraient pas beaucoup bouger

W.P

REPERES

Qu'est-ce qu'un « taux directeur » ? (Fiche wikipédia)

Les taux directeurs sont les taux d'intérêt au jour le jour fixés par la banque centrale d'un pays ou d'une union monétaire, et qui permettent à celle-ci de réguler l'activité économique.

Il existe trois taux directeurs (qui peuvent prendre des noms différents en fonction des pays) (du plus faible au plus élevé) :

   * le taux de rémunération des dépôts

   * le taux de refinancement (« taux refi »)

   * le taux d'escompte ou taux du prêt marginal

Ces taux sont ceux auxquels sont rémunérés les excédents de liquidités des banques et institutions financières placés auprès de la banque centrale (taux de rémunération des dépôts), et le taux auquel peuvent emprunter ces mêmes agents économiques auprès de la banque centrale (taux de refinancement et taux d'escompte).

Les taux directeurs permettent, en fixant le « coût de l'argent » sur le marché monétaire, de réguler l'investissement économique et ainsi d'encourager l'activité économique dans les périodes de creux, ou de freiner le sur-investissement (dans des projets non rentables) pendant les périodes de surchauffe inflationniste.

Les taux directeurs influencent donc la croissance et le taux de change. Une hausse des taux directeurs peut mener vers une nouvelle appréciation de la devise concernée

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