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Jay Rock « Redemption » @@@½

Publié le 15 juin 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
Jay Rock « Redemption » @@@½ - Hip-Hop/Rap

Jay Rock « Redemption » @@@½

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Il y a des moments dans la carrière d’un rappeur où l’on revient plus fort après avoir vu la mort de près. Jay Rock a survécu aux quartiers très hostiles de Watts et un passé criminel, pourtant il a bien failli y passer à cause d’un accident de moto en Février 2016. Deux ans après, le membre des Black Hippy est en haut de l’affiche de la soundtrack de Black Panther avec le single « King’s Dead » et la promesse d’un premier en major chez Interscope supervisé par Kendrick Lamar. Par conséquent, Redemption ne risque-t-il pas de rimer avec concessions?

« The Bloodiest« , le terme qui définit le mieux Jay Rock parmi toute la clique TDE. Son côté rentre-dedans et son authenticité ne lui ont jamais fait défaut, malgré le nombreux défauts que j’ai trouvé à ce troisième opus. « Bitch where? » pourrait-on m’asséner. Rien à reprocher pour les sons typiquement TDE, du goût des dernières sorties de Ab Soul et SchoolBoy Q, que ce soit « Troopers » et les très bon « Rotation 112th » et « Broke +- » bourré de sincérité. Si ce n’est justement un manque d’originalité pour se démarquer de ses copains. On repense à Follow Me Home forcément, qui était sort chez Strange Music. Bien vu, quoiqu’un peu facile, le sample de flûte pour « Wow freestyle« , avec un Kendrick qui impressionne beaucoup moins en feat -faut l’avouer- qu’à sa période où il venait d’être approché par Aftermath au début des années 2010. Le beat vous rappellera sûrement « Backseat freestyle » et c’est bien normal car c’est Hit-Boy sur la prod. On ne reviendra pas sur « King’s Dead » avec Future dans une version amputée du couplet de Kendrick (par souci d’équilibre?) car je l’avais évoqué précédemment dans la chronique de Black Panther pour m’attarder sur « OSOM » avec J.Cole, sur le thème ‘loin des yeux, loin du coeur’, et « ES Tales » qui fera balancer la tête d’avant en arrière.

Pourtant, Jay Rock a pris quelques risques sur Redemption. Pour faire contre-pied à son rap costaud, direct et hardcore, il la joue gangster d’amour (clin d’oeil à Wendou Thug) sur le crossover r&b « Tap Out » (feat Jeremih), mais pas trop tout de même (« Fuck you in a car in the back / Fuck you so good, call back / Forreal though/ How many fucks I give? Zero »). Pareillement sur « Knock It Off » où il pousse la chansonnette sur une rythmique trap, c’est certainement le seul morceau de l’album que je skippe (notez que je parle encore à la première personne). La vibe de « For What It’s Worth » et bien entendu « Redemption » (co-produit par Terrace Martin) lui convient tellement mieux, avec cette douce chaleur californienne. Donc, pour répondre à la question de départ, des concessions artistiques oui, certes, mais Jay Rock reste ce rappeur sans concession peu importe où il met les claquettes.

Redemption rime aussi avec semi-déception, en ce qui me concerne moi (et j’imagine bien être un des rares dans ce cas), car je conçois que cela peut être tout à fait l’inverse, à condition d’accepter le fait que Jay Rock s’adoucisse, que vous lui donniez du thug luv à volonté. Jamais évident de se prononcer quand on fait partie d’une opinion très minoritaire. Ce n’est pas faute de l’avoir écouté une demie-douzaine de fois, dont quatre en voiture qui me sert de test vérité. C’est plutôt à Jay de conclure, triomphalement, avec « WIN« , dont le refrain fera oublier dans nos coeurs et dans nos têtes celui de T-Pain pour DJ Khaled.


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