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Avancer pour aller où ? Changer pour quoi ? Voilà les vraies questions que se posent les Guadeloupéens

Publié le 26 juin 2018 par Halleyjc

Avancer pour aller où ? 

Changer pour quoi ?

De décennie en décennie, et depuis la départementalisation de la Guadeloupe en 1946, le visage de l’indépendantisme turbulent à souvent changer de masque.

Dans les années 50, son porte drapeau était le parti communiste avec son slogan : « Autonomie, première étape vers une indépendance à contenu socialiste »

Dans les années soixante, il a pris forme avec le retour au pays de jeunes gens qui avaient fait leurs études en métropole, avaient fréquentés la JEG, pour certains avaient fait la guerre d’Algérie et étaient revenus avec l’idée qu’en portant la lutte armée, contre la France, sur le sol guadeloupéen, ils obtiendraient ce qu’avait obtenu l’Algérie. Cela donna le GONG et les évènements de 1967 avec leurs 110 cadavres fantômes. Pas de pot, mai 1968 cassa la dynamique.

La décennie 70 semblait prometteuse avec un candidat à l’élection présidentielle qui inscrivit les DOM dans le chapitre des Affaires Etrangères du Programme Commun de la Gauche. Pas de pot, c’est Giscard d’Estain qui fut élut et débarqua avec son égalité sociale, la monnaie française, la nationalisation de la SPEDEG et le prix de l’électricité moins cher qu’en France hexagonale. Et puis la soufrière qui fit des siennes. Bref la décennie 70 ne fut pas propice à la propagande indépendantiste.

Arriva 1981, la victoire de l’ex-candidat du Programme Commun et l’envoi d’un émissaire spéciale qui ralluma le feu indépendantiste. Et d’un coup d’un seul, l’on vit fleurir l’époque du terrorisme et son cortège d’attentats et de morts,  qui se termina tragiquement en 1987 rue Delgrès, (cela ne s’invente pas), marquant ainsi l’apogée et le déclin du mouvement « politique » indépendantiste.

Mais entre temps était né un mouvement syndical indépendantiste avec l’UGTG, dont on peut dire que sa stratégie fut le blocage des entreprises, les menant le plus souvent à une mort certaine. Ainsi disparurent un grand nombre d’hôtels faisant (le nombre de chambres hôtelières passa de dix mille dans les années 80 à trois mille aujourd’hui). Le summum de ce mouvement fut atteint en 2009 avec le mouvement  LKP et les blocages des activités pendant plusieurs semaines. Au total l’UGTG en perdit sa réputation et donc son leadership sur le mouvement indépendantiste.

Depuis, est apparu une autre forme de mouvement indépendantiste. Plus cool, plus sournois, pas du tout agressif ; c’est ce qu’on appellera un « Indépendantisme de Salon ». Formé d’intellectuels souvent cadres de l’Université, il développe et distille des théories séduisantes qui parlent surtout la jeunesse.  Que disent-ils : Qu’il faut prôner le patriotisme guadeloupéen. Qu’il faut aimer la Guadeloupe, la défendre contre ceux qui viennent ici prendre la place des jeunes guadeloupéens. Qu’il faut réserver les emplois à des Guadeloupéens, locaux ou venant de la métropole. Qu’il faut vendre ses terres et biens immobiliers à des guadeloupéens et non à des européens. Que sur le plan des institutions, il faut une « décentralisation-autonomique », c’est-à-dire ôtant les pouvoirs à l’Etat pour les donner aux élus locaux. Qu’il nous faut plus de libertés et que plus de libertés va avec plus de responsabilités donc plus d’autonomie. Qu’il importe peu que le drapeau français continu de flotter sur les bâtiments publics pourvu que nous ayons le pouvoir localement. Qu’en fin, nous sommes dans un siècle qui bouge et que nous ne pouvons pas rester immobiles éternellement dans le même statut. Qu’il nous faut avancer.

La réalité, est hélas tout autre. Et nos « indépendantistes de salon » ignorent qu’ils ont un allié de poids : La haute administration française.

A l’heure où la France est en grande difficulté financière, où les réformes visant à faire des économies s’abattent sur toutes les composantes sociales de la France, où Bercy songe plus que jamais à supprimer l’abattement fiscal de 30% accorder aux contribuables domiens, on imagine sans peine la joie qui serait la sienne (Bercy)de nous déléguer des pouvoirs d’Etat, à charge pour nous, bien sur, d’en trouver les recettes.

Alors, Avancer oui ! Mais pour aller où ?

Changer, Oui ! Mais pour quoi ?


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