C'est le 3 juillet 2018 que sortira en vidéo chez Diaphana ( DVD et blu-ray) et en VOD - plus de quatre mois après sa sortie en salles - Mary & la fleur de sorcière, le premier film du nouveau studio Ponoc composé de transfuges des célébrissimes studios Ghibli. L'histoire d'une jeune fille rousse, manquant de confiance en elle, et qui se retrouve, par le pouvoir d'une fleur mystérieuse, dotée de pouvoirs magiques qui lui permettront d'intégrer la prestigieuse académie de magie Endor ...
Tous les ingrédients sont présents pour que l'amateur d' animes façon studios Ghibli savoure l'instant présent. Des personnages bien caractérisés avec des héros pas encore sortis de l'enfance, des paysages bucoliques aux arbres gigantesques et à la végétation luxuriante, un rythme trépidant alternant courses-poursuites, suspense et moments plus tendres, des animaux complices quasi doués de parole, des créatures étranges semblant tirées de l'imagination d'anciens auteurs de SF ou inspirées de contes traditionnels, de la magie et de la fantaisie soutenues par un brin d'humour, une partition symphonique enjouée, à la fois classique et moderne...
C'est d'ailleurs presque un melting-pot des réalisations les plus emblématiques de Miyazaki : ça commence comme dans Kiki la petite sorcière (un balai magique, un chat noir facétieux, des pouvoirs qu'on ne maîtrise pas et un garçon taquin qu'elle finira par aimer) puis comme dans un secret recelant un pouvoir fantastique, une académie de magie flottant dans les nuages) ou le Voyage de Chihiro (l'héroïne est contrainte de rester dans l'autre monde car ses amis ont été métamorphosés, les responsables s'avèrent nettement plus maléfiques que prévu, elle devra puiser en elle de quoi franchir le cap de l'enfance) en faisan tun clin d'oeil même à Princesse Mononoké ( Mary se déplaçant à dos d'élan). Des références incontournables, qui se comprennent lorsque l'on constate qui a travaillé sur le film : Hiromasa Yonebayashi a été responsable d'animation aux studios Ghibli, Kazuo Oga est le créateur des forêts de et et le compositeur avait déjà écrit la musique de Souvenirs de Marnie Mon voisin Totoro (si l'on excepte la scène d'introduction, haletante et très réussie) avec une jeune fille s'ennuyant à la campagne et découvrant les trésors que recèlent une mystérieuse forêt ; ça se poursuit comme dans
Mais toutes ces allusions par poignées ou ce sentiment permanent de "déjà-vu" finissent par lasser : certes c'est beau, plutôt bien animé et réalisé avec savoir-faire mais, s'il n'y a pas vraiment de temps mort, on finit par s'ennuyer un peu devant le manque de prise de risques narratif ou, simplement, de nouveauté. Le destin de l'héroïne est balisé, tellement qu'on connaît bien à l'avance les tenants et aboutissants du script et qu'on se doute des différentes étapes par lesquelles elle passera. Une petite surprise surviendra toutefois avec l'apparition d'un dernier allié, qui permettra de fixer quelques explications manquantes en donnant un sens à la première séquence.
réalisateur et coscénariste, s'il a dû tout recommencer avec ce nouveau studio d'animation (et quitter la bienveillance confortable de ses mentors Takahata et Miyazaki), a mis aussi les petits plats dans les grands, s'entourant des meilleurs, tant dans la partie technique que pour le casting de doublage ( Kate Winslet & Jim Broadbent, excusez du peu !). Le jeune public, comme les spectateurs moins cinéphiles, ne devrait pas faire la grimace devant ce spectacle de bon ton, haut en couleurs, alliant la rêverie et le merveilleux, axé sur le caractère d'une jeune fille sur laquelle repose la sauvegarde de nombreux êtres chers : ça n'aura pas l'impact et le dynamisme des Indestructibles 2, mais il fera incontestablement partie des meilleurs films d'animation de 2018 .