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Bouillabaisse sémantique

Publié le 02 juillet 2018 par Polinacide @polinacide

Depuis le temps que nos parents nous le répètent en boucle, c’est pigé : on ne joue pas avec la nourriture. Sauf que les jeux de mots pourraient bientôt eux aussi devenir mal vus avec l’article L. 654‑23 de la loi alimentation, qui interdit tout bonnement d’appliquer aux produits végétaux certains termes utilisés pour la production animale. Quésaco ?

Autrement dit : fini le lait d’amande, les nuggets veggie, les steacks de soja ou encore le yaourt végétal. Faudra désormais trouver une autre appellation pour ne pas courir le risque de se retrouver hors-la-loi. Haut les mains, police sémantique ! Avouons quand même que ça fait beaucoup de foin pour pas grand-chose, sous prétexte que le consommateur pourrait être berné par des dénominations fallacieuses lui faisant prendre du tofu pour du bacon. Ou des vessies pour des lanternes, tant qu’on y est.

Bien que les raisons de cette législation soient facilement compréhensibles, on se demande quand même si celle-ci ne prend pas les acheteurs que nous sommes pour des abrutis finis. Comme si le rayon « végétarien » n’était pas facilement identifiable dans notre supérette, à croire qu’un petit malin s’y serait aventuré à mélanger des saucisses de porc avec des bâtonnets de céréales pour brouiller les pistes. La rigolade. Sans parler du nombre croissant de personnes qui décryptent les étiquettes à la loupe avant d’acheter un produit qu’elles ne connaissent pas. M’enfin bref. Y a pas de quoi en faire tout un flan.

Surtout quand on dresse la liste de tous les autres produits qu’on devrait ainsi renommer, à commencer par le tartare d’algues, les noix de Saint-Jacques ou encore les tomates cœur de bœuf… C’est à n’en plus finir, comme l’explique très bien cet article vu sur Slate.fr. Passé le moment coup de gueule, une question se pose. Pourquoi vouloir coller à tout prix un mot « carné » à un produit veggie, tout ça pour le rendre « plus appétissant » aux yeux du consommateur ? Sûrement pour aider ceux qui se convertissent au végétarisme à passer le cap plus facilement, mais c’est un autre débat… Pour la faire courte : autant de faux-problèmes qui se résument très bien dans cette phrase que nous avons tous entendus un jour. Mange ta soupe… et tais-toi !

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