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Après quelques écarts assez liés à une toxicomanie pour le moins galopante et un séjour auto-imposé dans une clinique psychiatrique, le dénommé James Osterberg est un peu plus vif, mais toujours aussi dubitatif et sur son quant-à-soi. Il faut dire que sa carrière de chanteur pour clique « bruitiste » périclite un tantinet et que la perspective de sa future vie de jogger n'est pas plus sautillante qu'un concours de majorettes paralytiques. C'est pourtant au cœur de ce marasme là que, contre toute attente, David Jones l'un de ses camarades platoniques lui remet le pied droit dans l'étrier du succès. Sur les conseils avisés de celui qui sera bientôt l'amant d'Yves Mourousi, les deux amis partent bras dessus bras dessous à Berlin pour y trouver l'inspiration. Là dans cette cité qui jadis vu fleurir plus de mille lumignons de païens à flambeau, ils composent une kyrielle de chansons que l'on retrouvera disséminées sur deux futurs spicilèges musicaux à la réputation bien vite faramineuse.The Idiot le premier de ces deux spicilèges parait en mars 1977. Osterberg chante avec une voix de baryton plus enfoncé que défoncé, les guitares sont fragmentées et tenues par un Portoricain sybarite tandis que les lignes de basses louvoient sur les claviers dissonants d'un David Jones qui s'occupe également des chœurs. Il faut bien dire que tout cela est du plus bel effet et dénote d'un certain goût pour la dissonance et la déréliction et appel plus qu'à son tour aux joies de la décadence. Pour simplifier et tirer à la ligne je dirai que quarante ans plus tard vous pouvez écouter tout cela sans réel achoppement, c'est certainement moins bon que le heavy metal électro hip-hop des formidables Shaka Ponk, mais ce n'est tout de même pas vraiment mauvais.