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[Critique] PARANOÏA

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] PARANOÏA

[Critique] PARANOÏA

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Titre original : Unsane

Note:

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Origine : Etats-Unis
Réalisateur : Steven Soderbergh
Distribution : Claire Foy, Juno Temple, Joshua Leonard, Amy Irving, Jay Pharoah, Aimee Mullins, Erin Wilhelmi…
Genre : Thriller
Date de sortie : 11 juillet 2018

Le Pitch :
Une jeune femme est retenue contre son grès dans un hôpital psychiatrique. Rapidement, elle est persuadée que l’un des infirmiers est l’homme qui l’a harcèle depuis plusieurs années. Se sentant en danger, de plus en plus paranoïaque, elle commence à adopter un comportement qui ne fait que conforter le personnel de sa fragilité psychologique. Le cauchemar commence…

La Critique de Paranoïa :

Le problème quand on s’appelle Steven Soderbergh et qu’on décide, juste comme ça, pour s’amuser, de faire un film avec des iPhone 7, c’est que le film en question aura de grandes chances de faire davantage office de pur exercice de style formel que de véritable long-métrage de cinéma. Parce que Soderbergh fait partie de ces cinéastes qui aiment bien prendre à revers leur public et se poser des défis parfois un peu abscons et parce que Soderbergh, finalement, n’est jamais aussi bon que lorsqu’il recentre justement son cinéma sans l’alourdir inutilement avec des considérations formelles dispensables et prétentieuses. Cela dit, est-ce que son Paranoïa peut cadrer avec ce constat ? Éléments de réponse…

Paranoia-Foy

Apple movie

Autant le dire tout de suite : Paranoïa aurait gagné à être tourné traditionnellement. Avec de véritables caméras et non avec des téléphones. Car l’iPhone 7 a beau capturer l’image en 4K, le résultat est là : le dernier film de Soderbergh est assez laid. La photographie est un peu dégueulasse, certes ça cadre parfois avec le caractère paranoïaque du récit, mais c’est tout de même dommage car le réalisateur aurait largement pu mettre son script plus en valeur avec une approche plus traditionnelle. Rien ici ne justifie l’utilisation d’un smartphone en lieu et place d’objectifs professionnels. Rien. C’est juste un gadget. Un argument de vente. « Venez donc voir le film tourné avec un iPhone 7. » Une sorte de grosse publicité à peine masquée pour Apple, filmée avec un téléphone Apple, dans laquelle une jeune femme passe parfois des appels avec un iPhone Apple.

Plus de forfait

Forcément, Paranoïa est d’emblée un peu artificiel. On avance, on assiste à la brutale descente aux enfers de cette jeune femme un peu antipathique, on finit par la prendre en pitié mais on en vient fatalement à se demander pourquoi on a payé pour voir un truc à l’image aussi terne et à la mise en scène parfois pleine de prétention inutile, alors que le tout aurait probablement mieux rendu sur un écran tout petit. Et si Soderbergh avait justement filmé Paranoïa avec un téléphone pour qu’il soit regardé sur des téléphones. Mais dans ce cas, pourquoi son long-métrage finit par ressembler à une sorte de téléfilm un peu bizarre ? Et tant qu’on y est avec les questions : pourquoi cette fin ? Pourquoi ce dernier plan ultra ringard ? Et oui, c’est aussi ça Paranoïa : une sorte de thriller parfois franchement immersif et angoissant et parfois à côté de la plaque.

Vol au-dessus d’un nid de cul-cul

Ne cherchez pas un sens au sous-titre de ce paragraphe. Voyez-y plutôt la volonté de l’auteur de ces lignes de faire un jeu de mot facile et un peu foiré. Foiré ? Oui, la fin de Paranoïa l’est. C’est d’autant plus regrettable car si le scénario finit par se perdre, fonçant comme un dératé vers son dénouement alors que les petits ventres-mous sont par ailleurs plutôt fréquents, on trouve de vraies bonnes choses dans le film. Cette façon qu’a l’histoire de vouloir tordre le cou à certains clichés en ne jouant pas sur la folie présumée de l’héroïne, par exemple. Est-elle vraiment cinglée ou non ? Paranoïa choisit vite et c’est bien. Par contre, il se précipite vers d’autres lieux communs et a cette fâcheuse tendance à survoler des choses cruciales et à s’attarder sur des trucs qui le sont beaucoup moins.
Claire Foy par contre, est parfaite. Pas évident d’incarner un personnage un peu détestable mais elle fait les choses en grand et embrasse son rôle avec ferveur, conférant au film une intensité que le scénario échoue à lui offrir. Mise à nue, la comédienne découverte avec la fabuleuse série The Crown prouve ici qu’elle a bel et bien un paquet de cordes à son arc, capable de jouer sur des nuances très subtiles, à son aise dans plusieurs registres et convaincante du début à la fin. Un peu comme Juno Temple, qui campe un personnage taillé sur mesure, à l’image de Joshua Leonard. Des acteurs qui sauvent donc les meubles. Sans eux, Paranoïa ne serait finalement que le jouet de son réalisateur. Un Soderbergh qui nous offre ici, après son excellent Logan Lucky, une bonne raison de penser que lorsqu’on parle de cinéma, les artifices, quels qu’ils soient, ne servent que rarement l’efficacité et la portée dramatique quand ils ont monopolisé toute l’attention ou presque de la personne aux manettes.

En Bref…
Paranoïa n’a d’original que sa genèse. Oui, il s’agit d’une film tourné avec un smartphone. Pour le reste, si on oublie le côté « exercice de style vain » de la chose, on retiendra une histoire assez basique, mais parfois efficace, et la performance d’une Claire Foy investie. Espérons donc que pour son prochain projet, Soderbergh se concentre un peu plus sur le fond au lieu de tout miser sur la forme.

@ Gilles Rolland

Unsane Claire Foy
   Crédits photo : 20th Century Fox France


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