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Drake « Scorpion » @@½

Publié le 29 juin 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
Drake « Scorpion » @@½ - Hip-Hop/Rap

Drake « Scorpion » @@½

Un commentaire

Pour répondre à l’humiliation publique de Pusha T, Drake a directement embrayé sur la présentation de son cinquième album baptisé Scorpion, son signe astrologique, on s’en serait douté. Le rappeur canadien avait une belle fenêtre devant lui, tandis que J.Prince jouait son avocat et le buzz inespéré provoqué par son échange verbal avec l’ex-membre des Clipse. Le champs était libre pour lancer un double-album même, et aller battre des records de streaming : un milliard d’écoutes en une semaine. <Birdman_se_frottant_les_mains.gif>. Mais la confirmation que l’on retiendra le plus de ce album double-album fleuve (pléonasme) qui s’écoute préférablement le dimanche à l’heure de la sieste est que : Aubrey Graham le père d’Adonis.

Face A

Plutôt que de mélanger morceaux rap et morceaux r&b, notre popstar de musique urbaine a eu la présence d’esprit de les séparer comme l’eau et l’huile pour créer deux faces homogènes. La A, c’est rap, et trap. Pour l’introduction « Survival« , Drake sort d’entrée ses meilleures punchlines de poids léger (« my mount rushmore is me with four different expressions »). On y retrouve quelques-uns de ses singles, notamment « I’m Upset » (bof) et « God’s Plan« , qui n’a plus aucun réel intérêt sans  cette vidéo virale dans laquelle on voyait Drake en généreux donateur dépenser un million de dollars en denrées pour des personnes nécessiteuses. Quel homme, quel coeur il a, quel coup de comm’. Il faut attendre un titre comme « 8 Out of 10 » avec ses premières rimes a cappella pour rouvrir un oeil, autrement les prods de Boi-1da, Cardo et Noah Shebib sont passablement ennuyeuses, donnant l’impression que cette face dure une heure de plus. Pire, sur « Nonstop« , « Can’t Take a Joke » ou encore « Mob Ties« , Drake adopte un trap flow et des ad-libs à la migos/21 Savage/le rappeur sudiste à la mode. Une éclaircie apparaît lorsque sample gospel de Mariah Carey trouvé par No I.D. résonne sur « Emotionless » mais la grisaille revient aussitôt qu’on rentend ce flow monotone et aigre de Drake et sa façon de chanter inchangés depuis neuf ans. *Gros soupir*.

Ce qui paraît encore plus dingue c’est de réaliser que « Sandra’s Rose » est produit par DJ Premier mais comme tout le reste, c’est bien trop pâle. Paraît qu’il existe une version avec des scratches, mais pour quelle utilité au final? Avec sa production signée du légendaire DJ Paul, « Talk Up » semble être une singularité, surtout si on ajoute ce passage de Jay-Z qui rappe comme s’il était naturellement à moitié screwed and chopped. Au milieu de nombreux blancs, Drake continue à s’employer avec « Is There More » dans son surjeu de rappeur sensible à problèmes (alors qu’à la base il n’en a aucun puisqu’il a été tout de suite le préféré et propulsé vers les sommets). Il a beau user d’une macédoine d’éléments, codes rap empruntés à droite à gauche, d’égotrip pour afficher une streetcred’ de façade, n’empêche que sa queue venimeuse demeure inoffensive.

Face B

B, comme dans « R&B ». R, pour ‘ramollo’, comme ce downtempo à l’air vaporeux « Peak » qui débute cette seconde partie de Scorpion. Un air de déjà-vu, pareillement pour « Summer Games » sous ses airs d’électro-pop eighties. On n’a pas encore entendu Drake dans ce style mais pour une fois, il est à la traîne. Néanmoins, malgré ces lenteurs assumées, bien que son interprétation en tant que chanteur soit devenue trop prévisible, Aubrey tire son épingle du jeu (« Jaded » feat Ty Dolla $ign, le slow « Final Fantasy« , « Finesse« ), grâce à la bonne fortune et aux instrumentaux de son ami 40 et d’un producteur qui possède un nom de notaire (Noël Cadastre LOL). Toujours ce sentiment de mélancolie, de déprime passagère, *baillement*, ces épisodes de gamberge,… quoique dans ce registre autocaricatural « That’s How You Feel » vaut le détour.

Si pour vous entendre le sample de « X Factor » de Lauryn Hill sur le single « Nice For What » est un sacrilège, attardez-vous plutôt sur « Blue Tint » (feat Future) et « In My Feelings » pour penser à autre chose. Autre motif de controverse, son ‘duo’ avec Michael Jackson sur « Don’t Matter To Me« . Comme pour la polémique autour d’inédits d’Aaliyah, ces apparitions post-mortem sont un sujet sensible : quid de sa légitimité? L’effet secondaire de ces questionnements est que le passage du King of Pop (un enregistrement de 1983 avec Paul Anka) devient secondaire malgré une excellente insertion de la prise de voix de Michael par Noah et Nineteen85. Drake c’est ce type qui rajoute sur ses photos ses artistes morts préférés avec des professionnels de Photoshop. Attendez deux secondes, il remet ça sur le morceau suivant « After Dark » en utilisant cette fois un passage de Static Major (membre du groupe Playa et proche de Timbaland et Aaliyah disparu il y a dix ans maintenant), sur un sample de Maxwell. Enfin, il faut attendre la 31e et dernière piste, « March 14« , pour comprendre à travers la référence à Billie Jean que Drake avoue être le père d’Adonis. Rien de neuf puisqu’on ne doutait pas de la parole de Pusha. Que retenir de cette face R&B? Qu’on s’emmerde moins par rapport à la A, grâce au groove (= samples) des instrumentaux évidemment.

Fadasse

Hyper écouté certes, néanmoins vous vous rappelez de ce qu’on dit depuis toutes ces années sur la hype hein? Tout ce qu’il touche sur Scorpion s’affadit de manière systématique : ses singles, les samples, ses vibes, ses lyrics. Plus que les records de streaming, la vraie perf’ de Drake est d’avoir réalisé un autre album insipide au possible, encore plus que Views ou bien son premier opus Thank Me Later, parce dans le fond le garçon n’a pas du tout évolué et ne compte que sur les prods pour aguicher. Le meilleur projet de sa carrière ne serait-il donc qu’une « playlist »…? Ça reste mon humble avis.


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