Wiz Khalifa « Rolling Papers II » @@@
Sagittarius Laisser un commentaireWiz Khalifa avait annoncé l’an passé sur sa mixtape Laugh Now Fly Later qu’il était encore en train de travailler sur la suite de son best-seller Rolling Papers. L’attente fut longue, on peut estimer d’après mes informations qu’il bossait dessus depuis le dernier trimestre 2015. Entre temps, il a sorti un autre album, KHALIFA considéré comme une compilation, et le projet du super-groupe T.G.O.D. Mafia avec Juicy J et TM88 la même année 2016, et de très très gros hits internationaux, comme « See You Again« , « Sucker For Pain » et « Gang Up » issus de trois soundtracks de gros blockbusters. Et le rappeur de Pittsburgh en garde encore sous le coude avec Rolling Papers II.
Plein de singles promotionnels sur ce sixième album solo (« Something New » avec son artiste Ty Dolla $ign, « Hopeless Romantic » feat l’angélique Swae Lee, le westcoast « Gin & Drugs« , « Real Rich » avec Gucci Mane…), mais aucun single fédérateur comme son prédécesseur Rolling Papers (l’hymne « Black & Yellow » en tête), pas l’ombre d’une queue. Décevant de la part d’un fournisseur de hit de son importance. Pourtant il aurait pu en placer un ou deux pendant ces 90minutes. Oui, quatre-vingt-dix, nonante pour mes voisins belges et les suisses. Faute de mieux, on se rabat sur les morceaux pour chiller tels que « Ocean« , « Mr Williams/Where is the Love » avec le p(il)ote Curren$y et un chanteur répondant au nom de THEMXXNLIGHT (un hybride de The Weeknd et tous les artistes r&b à la mode), « Penthouse » avec l’oncle Snoop Dogg, « Late Night Messages« , « Never Hesitate » et « Bootsy Yellow« . On conversera bien en mémoire le passage de Jimmy Wopo sur « Blue Hunnids« , ce jeune pousse de New Orleans tué ce mois de Juin alors qu’il était semble-t-il en discussion pour rejoindre le Taylor Gang. L’autre moitié, une douzaine de pistes à la louche, c’est ranplanplan à souhait tendance« pussy and weed » version deluxe, quand certains ne présentent aucun intérêt (« Fr Fr« , « Homework« …). Pourtant Wiz montre qu’il n’a pas musclé que son physique pour son flow est moins poussif que par le passé. Notre fumeur de KK a encore une belle réserve de singles sous la main (au pif, « Rain » avec PARTYNEXTDOOR), néanmoins peu d’atout dans la manche.
Manquant d’inspiration, et c’est flagrant, Wiz Khalifa pousse le vice jusqu’à ré-utiliser le beat de « Goin’ Back To Cali » de Notorious B.I.G. sur « Gin & Drugs« . Ni reproduit, ni re-samplé, il reprend carrément l’instru d’Easy Mo Bee à l’identique (d’ailleurs c’est lui qui est crédité). Ça, plus le « 420 Freestyle« , l’air de flûte ultra-samplé de « Goin’ Hard« , vive le recyclage. Après tout, vu son amour pour les plantes, pas étonnant qu’il ait des tendances écolo. Les producteurs les plus présents sont ceux qui ont créé sa zone de confort (Sledgren, I.D. Labs, TM88). C’est à partir du 20e (!) morceau « B OK » – courageux si vous avez parcouru Rolling Papers II sans renoncer – que les choses s’améliorent doucement, d’abord avec le très sincère « It’s On You » suivi de « Reach for the Stars » avec les Bone Thugs N Harmony, une chanson très ‘gentille’ si je puis dire. Enfin « All of A Sudden » apporte une touche de house, avec encore THE MXXNLIGHT.
On a vu cette année des groupes et rappeurs qui se sont essayés, et se sont plantés, à l’exercice périlleux du double-album, mais à cette exception près des Rae Sremmurd avec leur triple(!) disque, ça a été une cata. À son tour, Wiz Khalifa a pêché par excès à son tour avec Rolling Papers II pour montrer qu’il a beaucoup travaillé, mais pour un album qu’il préparait depuis trois ans, c’est une déception. Un titre passe pas mal, le suivant moins, puis un titre assez bien, après bof, et ça oscille ainsi pendant 1h30. Ça en touche une sans faire bouger l’autre, ça plane au ras des pâquerettes alors qu’il est capable de nous envoyer en vol hyperbolique (o.n.i.f.c.). Aujourd’hui assuré de mener une vie de millionaire jusqu’au restant de ses jours, le rappeur se repose sur ses feuilles de cannabis.