Partager la publication "[Critique] THE HANDMAID’S TALE – Saison 2"
Titre original : The Handmaid’s Tale
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Bruce Miller
Réalisateurs : Mike Barker, Kari Skogland, Jeremy Podeswa, Daina Reid,
Distribution : Elisabeth Moss, Joseph Fiennes, Yvonne Strahovski, Alexis Bledel, Madeline Brewer, Ann Dowd, Max Minghella, Marisa Tomei…
Genre : Drame/Adaptation
Nombre d’épisodes : 13
Diffusion en France : OCS
Le Pitch :
June est amenée hors du foyer des Waterford, devant un Nick impuissant. Loin de là, dans les colonies, Emily et d’autres servantes rejetées du système pour cause de rébellion, se tuent à petit feu en travaillant au milieu de champs de souffre, alors qu’en dehors des frontières de Gilead, le nouveau nom des États-Unis, l’opposition gronde…
La Critique de la saison 2 de The Handmaid’s Tale :
La première saison de The Handmaid’s Tale a mis tout le monde d’accord ou presque. Réussite flamboyante, parfaitement ancrée dans son époque, virulente, brutale et sans concession, abordant non seulement la question de l’égalité des sexes au sein de la société mais aussi des thématiques relatives à la politique et plus spécialement aux États-Unis depuis le changement de locataire à la Maison Blanche, la série avait fait carton plein. Néanmoins, la saison 2 avait de quoi légèrement inquiéter. Et ce pour la simple et bonne raison qu’alors que le premier acte était l’adaptation somme toute fidèle du livre de Margaret Atwood, cette saison 2 est une création originale. Et oui, car l’écrivaine n’a jamais écrit de suite à son roman. Pour autant, elle a tenu à s’investir encore plus dans la production de la série et a donc imaginé la continuité de son histoire ? L’assurance d’une pertinence en effet rapidement visible et toujours plus redoutable. Parce que la saison 2 de The Handmaid’s Tale est vraiment réussie. Au moins autant que la première c’est dire…
Prise de risque
Et si la saison 2 est aussi excellente que la première, c’est aussi car Margaret Atwood et le showrunner Bruce Miller ont tenu à prendre des risques. Précisément ce dont une série a besoin (si les gens de The Walking Dead nous lisent). Très vite, The Handmaid’s Tale profite de cette nouvelle salve d’épisodes pour élargir ses horizons. On voit par exemple les redoutées colonies où finissent les rebelles. Ce qui laisse à Emily, le personnage incarné par la remarquable Alexis Bledel, le temps de prendre de l’importance. Elle a d’ailleurs droit à ses flash-backs elle aussi. Sans pour autant décentraliser le récit de June/Offred, le show met en avant une volonté de mouvement parfaitement louable et grandement responsable de la bonne tenue de l’ensemble. Le tout en faisant preuve d’un beau sens de la mesure et de la nuance.
The Handmaid’s revenge
Cette nouvelle saison débute de façon très brutale et ne fait jamais de sur-place. Toutes les nouveautés sont très bien intégrées au récit global et jamais la dynamique n’accuse de ratés. Même chose au niveau des flash-backs tous utiles au bon déroulement de l’histoire, nourrissant l’intensité dramatique qui se dégage de cette dernière. Elisabeth Moss, à nouveau incroyable dans le rôle principal, profite de l’évolution de son personnage pour elle aussi l’amener encore plus loin. Tandis que l’étau se resserre sur June et que sa situation se fait de plus en inextricable, elle devient de plus en plus dure et impitoyable. Ce qui donne lieu à des scènes franchement tendues qui font de cette saison une longue et inexorable montée en puissance devant laquelle il est difficile de rester indifférent.
The Handmaid’s Tale qui ne fait pas non plus dans la demi-mesure quand il s’agit de faire passer son message et ses idées. Sur la place des femmes dans la société et sur la politique donc. Encore plus complexe car habité de personnages qui sont parfois (positivement) difficiles à saisir et surtout amenés à évoluer, le récit ne perd rien de sa force intrinsèque et appui là où ça fait mal. Grande œuvre féministe, la série se paye aussi le luxe ne pas s’en tenir là et d’englober dans sa démarche tout un tas d’autres thématiques à chaque fois très bien traitées, avec intelligence et mesure. Et puis le show a toujours autant de classe. Ça aussi c’est important !
Tableau de maître
En élargissant ses frontières, la série s’est aussi mise en danger sur un plan formel. Mais là aussi la saison 2 est une réussite exemplaire. En s’adjoignant les services de réalisateurs comme Jeremy Podeswa (La Bataille des Bâtards dans Game Of Thrones, c’est lui), le show assure toujours sur un plan strictement formel. C’est bien filmé et rythmé. La photographie est de plus elle aussi remarquable, en cela qu’elle offre au récit un terreau parfait pour s’épanouir. Sans oublier cette poésie tragique qui se dégage de certaines séquences pour le coup vraiment émouvantes et/ou éprouvantes.
En Bref…
Un deuxième acte vraiment réussi pour The Handmaid’s Tale qui continue sur sa lancée, en prenant des risques, sans tomber dans l’excès ni la redite. C’est puissant, passionnant, éloquent, malin et efficace. Vivement la saison 3.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Hulu