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Chronique | Ma vie de Bacha Posh de Nadia Hashimi

Par Carpme

Chronique | Ma vie de Bacha Posh de Nadia Hashimi

Ce qui est bien avec la lecture, c’est que nous découvrons de nouvelles choses. Et ce, même avec la littérature jeunesse ! Comme quoi, ne jamais la sous-estimer. Quand j’ai vu le titre de ce roman, je me suis demandé : Qui est ce Bacha Posh ? Figurez-vous que bacha posh désigne une fille se faisant passer pour un garçon. C’est une pratique courante en Afghanistan mais aussi au Pakistan pour les familles n’ayant pas eu de fils.

Dans ce roman, nous suivons l’histoire d’Obayda, une jeune afghane de dix ans. Après un accident qui aura de lourdes conséquences, sa famille quitte Kaboul pour le village natal de son père. Afin de remonter le moral de ce dernier, la tante d’Obayda et sa mère décident de changer la petite fille en garçon. Elle pourra ainsi être le fils qu’ils n’ont jamais eu et peut-être son père se remettra-t-il de l’accident. C’est comme cela qu’elle devient Obayd.

Les filles sont faites de pétales de fleurs et de papier. Elles mangent des fruits rouges et sirotent du thé comme si quelque chose risquait de bondir de leur tasse et de les mordre.

Elle qui adore porter des robes, comment va-t-elle faire pour devenir un garçon ? Va-t-elle y parvenir ? Elle va rencontrer à l’école un certain Rahim et il s’avère qu’il est également un bacha posh. C’est le début d’une grande amitié, pleines de liberté et de promesses.

On a enlevé une seule lettre à mon nom et ça a tout changé. C’est une minuscule lettre, on l’entend à peine. Rahim… Rahima. Tu vois ? Si tu la prononces vite, tu peux la manquer. Qui aurait cru qu’un son aussi microscopique puisse faire une si grande différence ?

L’idée de devenir un garçon terrorise la jeune fille. Elle se demande si cela sera écrit en gros sur son front. Et pire encore, elle a peur que les garçons devinent qui elle est vraiment. C’est pour cette raison qu’elle n’ose pas se joindre à eux lors des jeux organisés à la récréation : la peur de ne pas être capable de faire comme eux. Mais c’est sans compter l’aide de Rahim qui va la pousser à prendre confiance en elle et à faire ce qu’elle n’osait pas ou ne pouvait en tant que fille.

L’héroïne est un personnage très attachant. Même dans les moments de doute, elle se lance dans l’action et fait preuve de courage. On a l’impression qu’elle devient notre petite sœur à qui on souffle qu’elle peut être capable de tout. J’ai eu un peu plus de mal avec Rahim, que j’ai trouvé un brin autoritaire.

Je suis déçue par rapport à ce que j’attendais du livre au départ. Je n’ai pas eu le « truc » que je pensais y retrouver, à savoir la de la poésie (autant dire clairement que je me suis fait berner par la couverture). Je pensais aussi que Rahim et Obayd allaient vivre beaucoup plus d’aventures. Et j’ai trouvé le style de l’autrice assez simple et j’ai eu du mal à accrocher au début du roman. Mais en y repensant de loin, cette lecture a été enrichissante et intéressante.

Dans un sens, ce livre respire la liberté. Il nous montre que tout est possible, que l’on soit une fille ou un garçon. Mais dans un autre, il est triste car nous nous rendons compte de la séparation des deux sexes et nous ressentons ainsi de l’injustice. En effet, dans la note de l’autrice, il y a une phrase qui m’a marqué :

La bacha posh nous apprend beaucoup. Par un simple changement d’apparence, son potentiel change. Elle gagne en assurance. Sa valeur est revue à la hausse. Et pourtant, sous le vernis fragile de la masculinité, il s’agit de la même personne.

Malgré le sujet révoltant du roman, c’est une histoire toutefois touchante que je conseille aussi bien aux jeunes qu’aux adultes.

Chronique | Ma vie de Bacha Posh de Nadia Hashimi

Les héroïnes fortes, la condition féminine

★★★★★

Ma vie de Bacha Posh, Nadia Hashimi, éd. Castelmore, 320 p.


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