J’ai découvert dans ce livre un auteur et une ville, si tant est qu’on peut découvrir une ville dans un livre. Et, bien qu’il y ait un meurtre dès le début, que ce meurtre est un grand malheur (« Wili ! »), l’auteur ne manque pas d’humour. Son personnage, Sese Seko, Congolais arrivé à Casablanca, pensait qu’il serait débarqué en Normandie, ainsi nommé, Sese Seko, à cause de l’admiration que son père vouait à Mobutu. Au lieu de Deauville, il vit donc à Casablanca, « c’est encore l’Afrique », et courtise des Européennes par internet pour gagner sa vie. Sa rencontre avec Ichrak va transformer son existence. Elle récite des pages entières d’un livre, À l’origine notre père obscur, de Kaouta Harchi, livre qui exprime sa quête d’un père, étant née d’une mère qu’on dit folle et dont elle s’occupe quotidiennement. On visite les quartiers de Casablanca où s’aiguisent les ambitions immobilières, où les migrants ne sont pas les bienvenus et où une femme peut mourir dans la rue. Sous l’apparence d’une enquête policière, In Koli Jean Bofane livre ici le portrait d’une ville du monde, entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, où souffle Chergui, le vent qui rend fou.
Ces lignes sont écrites avant mon voyage à Casablanca.