Il y a 40 ans, jour pour jour, le 5 août dernier, Donald Trump calquait ce que Richard Nixon faisait.
Il admettait ce qu'il niait depuis plus d'un an.
La bobine d'enregistrement de la conversation entre H.R. Hedelman et Richard Nixon avait été remise à la cour suprême, et les rubans dévoilaient un Tricky Dicky qui ordonnait au FBI et à la CIA "Tu stay the hell out of the Watergate investigation!". Ce accords tacites, sous forme de "hum-hum" trahissaient une complicité à tous les crimes que lui révélaient Hedelman. On y entend ce dernier suggérer à Nixon: "...ment au peuple, mais pas au point de dire que le gouvernement n'y était pas impliqué. Suffit de dire quelque chose comme "C'était une comédie d'erreur, de trucs bizarres, sans trop entrer dans les détails. Il faut leur dire que le gouvernement ne souhaite pas davantage y mettre son nez." Richard Nixon y répond pas un "Hu-hum". Il dira, quelques jours après avoir abandonné son poste, que ce passage en particulier l'avait convaincu de quitter la présidence.
Avec le recul, il est étonnant de penser que Nixon ne s'est pas battu pour dire que ce "hu-hum" n'en était pas un de support de la suggestion, mais une négation de la tête. Qu'au fond, les deux ne voulaient que mettre un terme à l'enquête et que Nixon ne mentait sur rien, au final.
40 ans, plus tard, jour pour jour, Donald J. Trump, de sa tribune de perdant, Twitter, admettait lui aussi ce qu'il niait depuis toujours. Il a finalement concédé que son fils, Junior, avait rencontré un avocat russe, lié au gouvernement russe.
"C'était une réunion afin de ramasser des informations sur la candidate adverse, complètement légal, fait par tous les partis, en tout temps en politique, et ça a mené nulle part. Je n'en savais rien!" a-t-il roté la bouche pleine de bacon.
Ce simple tweet révèle beaucoup. Il dit, entre autre, que ce que Donald Trump Jr disait sur cette réunion était un simple mensonge. Trump Junior avait alors dit que c'était une rencontre avec quelqu'un qui clamait avoir des infos pouvant aider notre campagne, et la conversation a glissé vers l'adoption d'enfants russes.". Ce serait même le président (qui n'en savait rien) qui aurait dicté ses mots, à son fils, selon les équipes d'avocats légaux.
C'est ce qui fait chier Donald quand il pense à Robert Mueller.
Donald coule, peu à peu.
C'était donc, au minimum, une tentative de collusion avec les Russes afin de faire pencher la campagne électorale en faveur de D.J. Trump. "...Ça a mené nulle part..." prouve qu'on a essayé, et que la collusion a échouée. " ...Totalement légale et fait par tous..." suggère que même si ils avaient réussi, c'était légal. Tout le monde le fait. C'est leur défense depuis quelques semaines.
"Je n'en savais rien!" suggère fortement à Jeff Sessions, le procureur général, de mettre un terme à cette chasse aux sorcières.
On sait tous déjà ce que savait Trump, son fils, Paul Manafort et Jared Kuschner sur cette réunion. On ne doute plus qu'ils mentent tous sur le sujet. Mais le tweet met un terme à toute alternative nouvelle d'explications. Passé la brousse des contre-vérités, les faits acquis suivants sont maintenant cimentés:
-Le fils du président, et de hauts conseillers, ont rencontré des agent du gouvernement russe en toute connaissance de cause, souhaitant obtenir des cochonneries concernant Hillary.
-Des documents volés au Democratic National Commitee ont été utilisés pour influencer la direction de la campagne.
-Quand la réunion russe a été mis à jour, le président a exigé de son fils et des gens qui ont assisté au meeting de mentir sur le contenu de la réunion en leur disant précisément quelle menterie utiliser.
-Que le président veut mettre un terme à l'enquête de toutes les manières possibles, comme Nixon il y a 40 ans.
(Comme ne le ferait personne qui n'aurait rien à se reprocher)
Il était possible, avec beaucoup de générosité, et un zest de bonne foi, de croire qu'on y avait discuté adoption d'enfants, jusqu'à la semaine dernière. Que c'était Bengahzi, en effet boomerang, gonflé sans raisons par l'opposition.
Plus maintenant.
Donald Trump, dans un refrain connu, a plus tard tweeté une autre animalerie qui était aussi un nouveau jab aux journalistes, ennemi du peuple dans son clocher:
"Je rends un service immense au peuple en expliquant cela"
En effet. Le peuple qui comprend aussi des centaines et des centaines de journalistes. Honnêtes.
Trump ment. Ça ne fait aucun doute. Mais son admission du 5 août dernier permet justement aux journalistes de ne plus se demander si il a fait quelque chose de mal dans la dernière campagne.
Ils peuvent maintenant se concentrer sur une nouvelle question.
Que fait-on, 40 ans plus tard, jour pour jour, quand un président admet mentir au peuple, admet avoir tenté la collusion, et admet tenter de cacher à peu près tout sur une rencontre prétendue inoffensive?
On oublie?
Étions chez l'ennemi, les États-Unis, depuis le 7 août. Revenu hier.