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Agota Kristof – Clous

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Agota Kristof – ClousAu-dessus des maisons et des vies
un léger brouillard gris

avec mes yeux pleins de feuilles
à venir dans les arbres
j’attendais l’été

j’aimais par-dessus tout
dans l’été la blanche
la chaude poussière
insectes et grenouilles s’y noyaient
quand la pluie ne tombait pas
pendant des semaines

le champ et sur le champ des plumes violettes
poussent
les balanciers des puits et les cous des oiseaux
le vent les couche sous une scie

clous
émoussés et pointus
ferment les portes clouent des barreaux
aux fenêtres de long en large
ainsi se bâtissent les années ainsi se bâtit
la mort

*

Szögek

A házak és az élet fölött
szürke könnyű köd

szememben a fák
jövendő leveleivel
vártam a nyarat

legjobban
a port szerettem a nyárban fehér
meleg port
bogarak és békák fúltak bele
mikor nem hullt eső
heteken át

rét és violaszín tollak a réten
megnőnek
a madarak a kutak nyakát
fűrész alá fekteti a szél

szögek
hegyesek és tompák
zárják az ajtókat vernek rácsot
az ablakokra körbe-körbe
így épülnek az évek így épül
a halál

***

Agota Kristof (1935- 2011) – Clous: Poèmes hongrois et français

(Zoé, 2016) – Traduit du hongrois par Maria Maïlat.


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