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Paranoïa (2018), Steven Soderbergh

Par Losttheater
Paranoïa réalisé par Steven Soderbergh

Le dispositif technique se retrouve souvent bouleversé au cinéma. Quand on pense au found footage (Cloverfield, Blair Witch) ou encore au regard subjectif qui lie intimement le spectateur à la caméra, les limites semblent infinies quant il s’agit de réinventer une mise en scène immersive. C’est le cas, à nouveau, dans le dernier film de Steven Soderbergh, Paranoïa. Intégralement tourné à l’iPhone (à l’aide de l’application professionnelle Filmic), le film nous plonge dans les méandres de la folie. Néanmoins, et même s’il profite pleinement de son dispositif pour servir son propos, Paranoïa se noie dans un scénario qui montre trop rapidement ses limites.

Sawyer a refait sa vie. Elle s’est éloignée à 700 kilomètres de sa mère pour débuter une nouvelle carrière. Encore troublée par un passé qu’elle ne maîtrise pas, la jeune femme se retrouve internée contre son gré où l’un des infirmiers n’est autre qu’un homme qui la harcèle depuis des années. Alors pure imagination du personnage ou Sawyer est-elle la seule à maîtriser la vérité ? A travers sa mise en scène, Steven Soderbergh pose la question du réel. Tout ce que nous captons aujourd’hui à l’aide de nos smartphones reflète il vraiment notre vécu ? Ou cela n’est qu’une mise en scène de plus pour épater la galerie ? La problématique s’intègre parfaitement dans un film ici résolument moderne qui pousse le spectateur à s’interroger sur la véracité du propos. L’iPhone se glisse dans les moindres recoins, et permet au metteur en scène de jouer avec des angles inédits, augmentant petit à petit ce sentiment d’étrangeté et anxiogène qui se resserre avec le récit. Filtres de couleurs, superposition d’images, saturation de la lumière, tout y passe. Le montage devient de plus en plus découpé et ce qui permet au rythme d’atteindre une sensation d’étouffement. En déplaçant son cadre technique dans un hôpital psychiatrique, Paranoïa possède tout de l’objet qui sonne en totale adéquation avec son sujet. Sur la forme, car c’est sur le fond et l’écriture que le film déçoit. Construit à la manière d’un thriller lambda, on perçoit vite les retournements de situations et les enjeux. Malgré un climax angoissant, la dernière partie du film vient désamorcer tout ce qui a été construit depuis son début. La thématique du complot tombe alors à l’eau lorsque Steven Soderbergh souligne bêtement et méchamment les délits d’un service administratif.

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