La franchise a fini par faire son chemin, bon an mal an, tentant de renouveler un genre sans le révolutionner et allant jusqu'à inspirer de savoureux escape games. Retour sur le premier film de la saga Saw.
Après une première longue séquence initiale laissant augurer d'un traitement de l'enfermement assez similaire à celui de Cube, fondé sur le désespoir, le questionnement et l'angoisse, et susceptible d'entraîner le spectateur dans une spirale nauséeuse, on bascule vers un thriller plutôt conventionnel, naviguant entre ou Bone Collector (pour le serial killer complètement allumé mais également doué) et (pour le choix des victimes et cette impression qu'elles pourraient bien mériter leur sort).
On a donc régulièrement des flashes, voire des flashbacks assez intelligibles scandant la montée de l'impuissance chez nos deux compères enfermés qui, progressivement, en parallèle avec le spectateur attentif, vont en apprendre davantage sur eux-mêmes ainsi que sur leur bourreau. Une narration plutôt limpide, étonnamment fluide, loin de ce que laissait augurer la bande annonce. Le soin apporté à la photographie par le chef opérateur David Armstrong donne le ton spécifique de la saga (il dirigera l'équipe technique jusqu'à Saw VI, conférant au moins à la série une unité stylistique).
Certaines évidences trop évidentes sont contrecarrées par des retournements attendus mais suffisamment bien orchestrée.
Cary Elwes a cependant du mal à convaincre dans ce registre nettement plus sérieux que ses rôles habituels, alors que Danny Glover étonne par sa présence et l'aisance de son jeu. PArmi les bonnes surprises, on aura le plaisir de retrouver la craquante Dina Meyer ( Starship Troopers).
Au final, on obtient quelque chose de satisfaisant malgré quelques déceptions
légitimes. Glauque et un peu pervers, certes, mais pas si retors malgré un voyeurisme rendu obligatoire par le genre. Ca n'a rien de la révolution attendue, clamée un peu partout mais c'est palpitant et bien maîtrisé.
Après visionnage des suites, on peut se faire une idée assez précise de ce sous-genre assez productif, prônant la systématisation et les retournements de situation (même les plus improbables) au détriment de la cohérence et de la bienséance, choisissant presque toujours la voie de la facilité. Plus franc, plus honnête même que ça reste tout de même facile et un peu malsain. Le thriller horrifique ne doit pas se cantonner à ces productions, mais celles-ci ne doivent pas non plus être régulièrement rejetées : elles se sont créées un public après tout.