Partager la publication "[Critique] LUKAS"
Note:
Origines : France/Belgique
Réalisateur : Julien Leclercq
Distribution : Jean-Claude Van Damme, Sveva Alviti, Sami Bouajila, Sam Louwyck, Kaaris, Kevin Janssens, Alice Verset…
Genre : Thriller/Action
Date de sortie : 22 août 2018
Le Pitch :
Lukas, un ancien garde du corps, vit seul avec sa petite fille, dont il s’occupe du mieux qu’il peut. Embauché dans le club de strip-tease d’un malfrat notoire, il est approché par la police qui lui demande de jouer les taupes. Réticent, Lukas est néanmoins contraint d’accepter et commence à gagner la confiance de son patron…
La Critique de Lukas :
Jean-Claude Van Damme se fait de plus en plus rare au cinéma. Ce n’est pas faute d’essayer, car il tourne toujours très régulièrement, mais ses films finissent quasi-systématiquement par atterrir dans les bacs DVD. Des deux côtés de l’Atlantique. Depuis son come-back avec JCVD en 2007, qui avait par ailleurs marqué son retour sur le vieux continent, Van Damme, si on excepte sa participation vocale à Kung Fu Panda 2 et 3, a tourné énormément de DTV parfaitement oubliables, capitalisant maladroitement sur son illustre passé avec le remake de Kickboxer et sa suite, soit deux films assez calamiteux, en refaisant un Universal Soldier, pour sa part plutôt réussi et en s’opposant à Stallone et sa bande dans le meilleur film de la saga Expendables, à savoir le deuxième. De navets que personne n’a vu en honnêtes tentatives, Van Damme n’a jamais arrêté de bosser, allant même jusqu’à tenter sa chance à la télévision, là où tant d’acteurs de cinéma renaissent, pour emballer une série (Jean-Claude Van Johnson) au pitch très prometteur mais au final complètement aux fraises (malgré un pilote réussi). Aujourd’hui, l’acteur revient en Belgique. Encore. La même année que son cabotinage un peu gênant dans Kickboxer : l’Héritage et qu’un Black Water très anecdotique…
Back to Belgium
Tourné en quelques semaines à peine au début de l’année 2018, en Belgique, sous la direction de Julien Leclercq (Braqueurs), Lukas voit Van Damme devenir un père de famille meurtri. Un type capable d’envoyer valser 4 ou 5 gars avec ses poings et ses pieds mais empêtré dans une mélancolie qui a fini par définir son quotidien. Un rôle dont Van Damme s’acquitte avec beaucoup de sérieux, ne cédant jamais à l’appel du cabotinage pour rester dans les clous. Van Damme qui n’est pas franchement aidé par une direction d’acteurs semble-t-il un peu lourde qui le condamne à errer dans son propre film tel une sorte de personnage sous Lexomil. Le héros ne se définissant que par le biais de la trop brève description de son background et par les regards dans le vague que lance Van Damme quand les circonstances l’exigent. Taiseux, le visage buriné, les rides bien mises en valeur par une photographie très sombre, Van Damme possède une présence monstrueuse mais contrairement à Mabrouk El Mechri qui avait su l’exploiter dans JCVD, Julien Leclercq ne sait pas trop quoi en faire, hésitant en permanence à utiliser les compétences martiales de Van Damme et le transformer en héros d’un ersatz d’un film des frères Dardenne. Leclercq suit son acteur en le filmant de dos, capuche sur la tête, évite de trop le faire parler et le fait au final évoluer dans une histoire beaucoup trop mince pour convaincre, embarrassé par tant de présence et par un talent qu’il ne sait pas canaliser correctement.
Pour autant, Jean-Claude Van Damme est bien le principal atout de Lukas. C’est d’ailleurs un peu le seul malheureusement.
Seul contre tous
Tout autour de la star, les autres comédiens se débattent, englués dans des partitions inintéressantes. Le méchant, par exemple, interprété par Sam Louwyck, semble tout droit sorti de Plus Belle la Vie. Son jeu, son rôle… Tout ici traduit l’incapacité du scénario à bâtir une solide histoire à la hauteur des ambitions affichées. Puis tant qu’on y est, autant souligner le fait que tout le monde est un peu à la ramasse tant Julien Leclercq ne se focalise que sur Van Damme, faisant de lui une figure urbaine presque mythologique. Toujours de façon maladroite c’est important de le rappeler.
Jean-Claude Van Damme qui est obligé de donner la réplique à un Kaaris à peu près aussi compétent pour jouer la comédie que pour faire de la musique. Finalement, seule la jeune Alice Verset, la fille du personnage principal, parvient à véritablement donner le change à Van Damme… Et elle a 12 ans.
Bourre-pif mais pas trop quand même, faut pas déconner non plus…
Cela s’est vraiment senti dans les interviews : Julien Leclercq a affirmé à longueur de promo admirer Van Damme mais a aussi insisté sur sa volonté de l’exploiter autrement. Résultat, à l’écran, on voit bien que le réalisateur n’ose pas assumer ce que représente Van Damme. Il se permet de vouloir réhabiliter la star mais ne s’en montre jamais capable. Y compris quand il en fait le pivot de sa mise en scène, en se prenant clairement pour un autre au détour de séquences soit très banales, soit faussement ambitieuses. Un peu comme cette évasion de la maison des truands, avec un des plans-séquences les plus soporifiques vus depuis des lustres. On pourrait être tenté de lui pardonner mais son assurance et son outrecuidance sont telles qu’en fait non… Avec un autre réalisateur, quelqu’un qui connaît vraiment Van Damme et qui respecte autant l’acteur que sa carrière, ou même l’homme et ses fêlures, Lukas aurait pu être du même calibre qu’un The Wrestler. En l’état, il ne s’agit pas vraiment d’un mauvais film mais assurément d’un thriller dramatique mou du genou, à l’histoire transparente et aux enjeux quasi-inexistants…
En Bref…
Jean-Claude Van Damme domine largement la distribution de ce film très maladroit et au final assez décevant. La faute à un scénario anecdotique et à une mise en scène faussement modeste, dont les tics finissent par enterrer les quelques nobles velléités du projet. Lukas où le retour au pays manqué d’une star qui méritait beaucoup mieux mais qui, au final, toujours envers et contre tous, finit par tout de même tirer son épingle du jeu… Sacré Jean-Claude !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Océan Photos