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Robert Bly – Visite au maître

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Robert Bly – Visite au maîtreJe suis le petit-fils de Norvégiens oublieux.
Je suis le neveu de ceux qui volaient les oignons.
Nous sommes tous invités au mariage du criminel.

Chaque fois qu’on ramasse un nid de roitelet tombé
On a un sentiment de désespoir, d’injustice mais on aime
Sentir le léger craquement des coquilles d’oeufs abandonnées.

Boire une goutte d’eau augmente notre soif.
Les films en noir et blanc accroissent notre désir
Que vienne la nuit succédant simplement au jour.

L’antre sombre où nous vivons s’étend très loin
Dans le monde. Il y fait noir. Même Amundsen
Et tous ses chiens n’en trouveraient pas le bout.

Les étoiles se sont couchées si souvent sur les bois
Sans faire venir les Mages que le blaireau
Boit de la tristesse chaque fois que son nez touche l’eau.

Hier soir j’ai amené mon chagrin à mon maître.
Je lui ai demandé ce qu’il pouvait y faire. Il a dit :
Je croyais que tu venais parce que tu m’aimais bien.

*

Visiting the Teacher

I am the grandchild of Norwegian forgetters.
I am a nephew of those who stole the onions.
We are all guests at the criminal’s wedding.

Each time we pick up a fallen wren’s nest,
We sense despair and injustice, but we love to feel
The little crackling of the abandoned eggshells.

To drink a drop of water increases our thirst.
Black and white movies intensify our longing
That night will come and simply take over from day.

The shadowy cave we live in extends far out
Over the world. It’s dark there. Even Amundsen
And all his dogs couldn’t find the end of it.

Stars have set so often in the woods without
Bringing the Magi, that the badger drinks
Sadness each time his nose touches the water.

Last night I brought my grief to my teacher.
I asked him what he could do about it.
He said, “I thought you came because you liked me!”

For Dr. Nurbakhsh

***

Robert Bly (né en 1926 à Lac qui Parle County, Minnesota)My Sentence Was a Thousand Years of Joy

(Harper Perennial, 2005) – Po&sie » 2005/4 N° 114 – Traduit de l’anglais par Serge Fauchereau.


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