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Bilan des films vus cet été au cinéma (2/3)

Par Tinalakiller

Je vous l'avais promis : je continue de vous parler des films vus au cinéma cet été.

PREMIERE PARTIE ICI

En général, j'ai plutôt du mal à apprécier les films de Jason Reitman (même - oui, je prends le risque de passer pour un monstre). J'ai particulièrement détesté Young Adult, avec déjà Charlize Theron dans le rôle principal et scénarisé par Diablo Cody. Retrouver le trio Reitman/Cody/Theron ne me réjouissait pas plus que ça, je n'avais même pas prévu d'aller le voir.Finalement... j'ai pu le voir grâce à une place gratuite. est alors une bonne surprise qui peint avec justesse le baby blues. Je redoutais la performance de Charlize Theron qui a pris du poids pour le rôle (je me méfie un peu de ce type de procédé, l'interprétation pouvant tomber selon moi dans une certaine " facilité "). En réalité, elle est excellente dans le rôle de cette femme qui ne prend plus de plaisir à être une maman et qui regrette le temps de sa vie de jeune adulte où elle était loin de toutes ces responsabilités et du regard des autres. Mackenzie Davis (qui incarne la " Tully " du titre) est également très convaincante. Enfin, même en la devinant, la révélation finale permet de rendre le film certainement plus consistant.

    2001, L'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick

J'adore Stanley Kubrick (non, c'est pas hyper original) et fait partie de mes films préférés (non c'est pas non plus original). Philosophique, poétique, métaphysique et mythologique (bref, le film total par excellence), 2001, L'Odyssée de l'espace est donc ressorti dans les salles pour son cinquantième anniversaire. Quel bonheur de pouvoir revoir sur grand écran ce chef-d'oeuvre qui traverse sublimement le temps ! J'ai de nouveau vécu une puissante expérience, difficile à décrire totalement vu qu'elle touche quelque chose d'intime en moi (et chez beaucoup de spectateurs). Il s'agit d'une expérience contemplative fascinante autant visuelle que sensorielle, et surtout plus émotionnelle qu'intellectuelle, ce qui me semble essentiel à mes yeux : même si le film aborde des notions indéniablement complexes et passionnantes (l'homme déshumanisé qui utilise l'outil pour dépasser la nature, la peur de l'inconnu et de la solitude), permettant de livrer maintes analyses pertinentes, il ne faut pas chercher à le rationaliser à tout prix. A l'image de Hal, me bouleverse autant qu'il m'angoisse. Enfin, ce visionnage m'a aussi permis de m'attarder sur un détail (dites-moi si je suis la seule à avoir tilter ou non dessus) : la bouffe. Il y en a absolument dans chaque acte sous des formes différentes. Et la bouffe, c'est la vie (ouais, j'ai osé caler cette phrase en parlant d'un film de Kubrick, je sors).

Je ne prétends pas connaître tout l'univers de Quentin Dupieux ni être une de ses grandes fans. A l'heure où j'écris ce billet,je peux juste vous dire que j'avais beaucoup aimé , son précédent long-métrage (et je ne suis pas trop fan de Steak, au moins vous savez tout). J'étais juste curieuse de découvrir Certes, le film comporte quelques bonnes idées. Il semble également aussi représenter pour Dupieux une sorte de prise de recul par rapport à son propre cinéma. Malheureusement, il m'a énormément déçue. Tout d'abord, il ne dure qu'1h15 mais j'ai l'impression qu'il en durait au moins le double : INTERMINABLE. Au-delà de ses problèmes de rythme, je ne suis pas convaincue par le non-sens revendiqué ni par son twist paradoxalement peu surprenant. Le non-sens ne doit pas être synonyme de foutage de gueule et c'est pourtant le ressenti. Je commence à en avoir ras-le-bol de la fameuse excuse " c'est absurde, donc ça doit tout justifier, c'est normal ". En dehors de Marc Fraize (qui mériterait d'obtenir plus de rôles au cinéma), même le casting m'a un poil déçue. Poelvoorde fait du Poelvoorde et Ludig (que j'adore pourtant dans les sketchs du Palmashow) joue souvent à côté de la plaque.

a fait du bruit pour avoir été entièrement filmé par un Iphone. Un choix pertinent pour plusieurs raisons. Le tout appuyé par la manipulation fluide et légère de la caméra et une mise en scène inventive, les images du téléphone font naître un sentiment d'étouffement et d'inquiétude en permanence. Surtout, l'objet est aussi un élément phare du scénario : Sawyer (incarnée par une épatante Claire Foy) se sent sans cesse persécutée, la technologie actuelle ne faisant que renforcer ce fait. Pourtant, la jeune femme cherche aussi des solutions pour pouvoir s'échapper de l'asile. Au-delà d'une critique forte sur le système hospitalier, livre aussi un constat effarant sur la peur des femmes d'être harcelée par des hommes. Un film qui tombe à pic à l'ère du mouvement #MeToo. Enfin dernier point essentiel : selon moi, le long-métrage ne doit pas être vu qu'au premier degré. Retrouver les indices (le passé de l'héroïne avec le père, les interventions de sa mère, le rôle de Juno Temple et sa manière d'interagir ou non avec le personnage principal) pour tenter de trouver un semblant de vérité passionne même si au final on n'a aucune réelle réponse, que des suppositions... à l'image de ce qui se passe durant les affaires de harcèlement sexuel.

    Sicario : la guerre des cartels de Stefano Sollima

réalisé par Denis Villeneuve était plutôt réussi mais un point en particulier m'avait réellement gênée : Kate Macer (Emily Blunt) n'est pas très intéressante : son personnage est plat, pas crédible (comment peut-on être autant ébahie par les événements quand on bosse pour le FBI ?) et même lourdingue dans sa description physique pour bien appuyer sa fatigue (" MAIS REGARDE KATE TU AS DE GROS SOURCILS, TU ES MAIGRE, TU VAS PAS BIEN "). Ainsi, ce second opus, réalisé cette fois-ci par Stefano Sollima (A.C.A.B., Suburra), opte pour une autre approche : il se veut plus " coup de poing ", plus réaliste aussi, moins contemplatif. Un thriller efficace et glaçant qui aborde plusieurs sujets de société : le terrorisme, les migrants, le trafic d'humains... Passer après le talentueux Denis Villeneuve n'était pas forcément évident et pourtant Sollima s'en sort haut la main. Il ne cherche pas à copier le réalisateur canadien et parvient s'imposer naturellement dans la saga. Verdict : j'ai préféré ce deuxième opus et j'attends désormais le dernier volet de la trilogie scénarisée par Taylor Sheridan.

J'ai déjà mis dans mon top 3 de mes films préférés de cette année sur mon compte SensCritique et je tiens qu'il y reste le plus longtemps possible. La mise en scène classique correspond aussi bien à l'état d'esprit même de l'excellent roman L'Intérêt de l'enfant : le court texte écrit par Ian McEwan (qui a signé le scénario) est lui-même sobre. Comme le demande Fiona, qui doit prendre une décision de justice rapidement, on n'a pas de temps à perdre. L'économie et la justesse permettent autant à la juge Fiona Maye qu'au récit (livre et film) d'aller à l'essentiel. Cela n'empêche pas de comprendre la complexité de notre héroïne, ni de mettre en place des enjeux forts, interrogés avec autant de pertinence et de subtilité. Certains spectateurs pourraient être surpris par la tournure de l'histoire : non, il ne s'agit pas d'un film de procès ou d'histoire autour de la religion (même si la croyance, au sens large du terme, est y traité avec intelligence). Il s'agit avant tout d'un magnifique portrait de femme face à ses responsabilités et aux conséquences des décisions qu'elle prend. Une femme tiraillée entre ses sentiments et son devoir. Les beaux rôles féminins au cinéma ne sont pas si nombreux. Cela fait du bien d'en voir un aussi réussi, qui fait appel à une large palette d'enjeux (approche de la soixantaine, mariage, maternité, carrière professionnelle) sans qu'on n'ait l'impression que ce soit survolé. La très classe (et naturelle) Emma Thompson est absolument parfaite : elle mériterait tous les Oscars du monde pour sa brillante interprétation (et cela m'a donné envie de me plonger plus sérieusement sur sa filmographie). Le jeune Fionn Whitehead (vu dans Dunkerque de Christopher Nolan) est également surprenant et prometteur. A la fois fidèle et complémentaire au roman, My Lady est un film profondément bouleversant, sensible, intime.

La dernière partie sera publiée ce week-end !

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