SAUVAGE de Camille Vidal-Naquet
Plongée rude, brutale et frontale dans le monde de jeunes prostitués masculins, Camille Vidal-Naquet frappe fort avec son premier long-métrage. Geste politique tant il associe sa caméra comme porte-parole de ceux qu’on ne voit que trop rarement représentés sur le grand écran, Sauvage se révèle surtout comme un écrin de poésie et une ode à l’amour fou. Tourbillon d’émotions porté par une révélation, l’acteur Félix Maritaud, évidence à la fois animal et tendre. Bien sûr, Sauvage montre ses griffes à plusieurs reprises et ne nous épargne pas, mais le film n’a que faire de la morale bien-pensante.
UNDER THE SILVER LAKE de David Robert Mitchell
Véritable rêve ou cauchemar éveillé, Under The Silver Lake nous tend une pilule hallucinogène et nous invite à nous perdre dans les méandres de Los Angeles. Plus folles les unes que les autres, les séquences défilent et diluent avec constance tout un tas de références culturelles pop et cinématographiques. Un contenu qui permet à David Robert Mitchell de signer un film monstre sur le désenchantement de l’industrie du rêve et du spectacle conçue par Hollywood. Assurément, le meilleur bad trip de l’été.
BLACKKKLANSMAN de Spike Lee
Spike Lee revient avec la rage. Cette rage il la fait passer sous la forme d’une comédie où les racistes sont moqués pour leurs bêtises. Cet humour fait souvent face à des sujets beaucoup plus graves et pourtant Spike Lee réussit à nous servir un divertissement bien plus intelligent qu’il ne le laissait envisager. Co-écrit par Jordan Peele (Get Out) et produit par Jason Blum, BlackKklansman nous raconte une histoire au passé pour nous parler d’une actualité encore bien présente et fait le pont avec les événements tragiques de Charlottesville. Un film essentiel, qui prouve que le réalisateur a encore de beaux jours devant lui, du moins on ne l’avait pas vu si en forme depuis Inside Man.
SILENT VOICE de Naoko Yamada
L’animation japonaise a de particulier qu’elle arrive souvent à joindre drame social et poésie. Ici encore c’est le cas avec Silent Voice qui traite de harcèlement scolaire et de rédemption. Loin des chemins balisés, l’écriture fait la part belle à des problématiques ancrés dans le quotidien mais dont on parle trop peu, le handicap et la culpabilité. De fait, le film livre une quête à ses deux protagonistes : retrouver sa place dans le monde qui l’entoure. Alliant avec subtilité l’impressionnisme et le manga, la réalisatrice fait aussi preuve d’une véritable cohérence entre sa mise en scène et les émois adolescents emprunts de contradiction.
LES INDESTRUCTIBLES 2 de Brad Bird
Il aura fallu 14 ans pour que Brad Bird nous serve la suite de ce qui reste aujourd’hui un des meilleurs films Pixar, Les Indestructibles. Véritable illusionniste et conteur, Brad Bird signe une suite de haute volée où il attache toujours autant d’importance à ses personnages et à la mutation des corps (les séquences du bébé Jack-Jack sont hilarantes). Surtout, il donne un nouveau souffle au film de super-héros qui retrouve ici tout sa superbe en incorporant une vision de la mise en scène particulièrement pointue et qui donne un sens à chacun des protagonistes. Histoire de rappeler à Marvel et DC que l’on peut très bien allier film d’auteur et film de genre.
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