A l’instar d’un épisode de Black Mirror, Upgrade, le dernier film de Leigh Whannell nous plonge dans un futur dystopique où la technologie dépasse complètement l’homme. Après le meurtre de sa femme, Grey est laissé paraplégique. Alors qu’il veut retrouver ceux qui lui ont ôté l’amour de sa vie et sa capacité physique, il fait appel à un génie de la technologie pour lui implanter une puce qui lui permettra non seulement de marcher mais aussi d’avoir accès à des dons alors inconnus jusque-là.
Les voitures autopilotées, les drones, ainsi que toutes les nouvelles technologies guidées par intelligence artificielle font de l’homme un médium obsolète. C’est cette fameuse puce intégrée dans le corps de Grey qui promet alors à l’humain un potentiel qui dépasse l’entendement et les lois de la physique. Quelque part en Matrix et John Wick, Grey devient alors un homme puissant, guidé par une intelligence artificielle qui prend possession de son corps lorsque nécessaire et capable de prédire chaque mouvement d’un potentiel assaillant. Le concept procure alors quelques scènes d’actions bien senties et surtout ultra maitrisées dans leurs chorégraphies. Leigh Whannell déploie le découpage de sa mise en scène en fonction des mouvements de son acteur, ce qui donne un résultat non seulement lisible et fluide, mais aussi parfaitement rythmé. Le réalisateur s’émancipe enfin de l’ombre de James Wan, avec qui il a longtemps collaboré pour les sagas Saw et Insidious, en tant que scénariste, mais aussi en tant que réalisateur et acteur. Avec Upgrade, Whannell parvient à trouver un style, une patte qui colle à son univers.
Upgrade doit à peu près tout à son concept ultra stylisé, à mi-chemin entre la science-fiction et le thriller. Et même si l’écriture s’inspire largement de Philip K. Dick, le résultat est loin d’un Blade Runner. Au lieu de se fier à l’évolution de ses personnages et à son histoire, le film se repose beaucoup sur ses prémisses. La promesse d’une science-fiction doublée à l’hémoglobine n’atteint donc jamais une consistance qui aurait été l’atout premier d’une histoire de ce genre. Néanmoins, on ne boude pas son plaisir devant le spectacle qu’on nous propose. L’action, le gore et les gadgets futuristiques sont assez d’éléments pour convaincre et se laisser emporter par le rythme du film.
Face à ces promesses, et cet univers, le film déçoit tout de même car le concept se veut tellement fort qu’il finit par devenir répétitif et prévisible. La dernière partie du film se résume à des scènes d’actions montées en étapes où Grey combat vilain après vilain pour atteindre une espèce de boss final. Ce sous-genre qui traite de la peur de la technologie et des intelligences artificielles devient alors sous-exploité. Certes divertissant et stylisé, mais contre-productif dans le traitement de son histoire qui finit par faire du surplace. On passe alors à côté de thèmes comme la société déshumanisée ou la prise de contrôle des robots. Reste un film assez original dans son approche esthétique et fun dans ses scènes d’action pour nous faire passer un bon moment. Dommage qu’il arrive à un moment où les écrans sont saturés de films de super-héros alors qu’il aurait facilement pu se démarquer du lot.
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