Le roman commence dans les rayons d'un supermarché. Des yeux se croisent et Fabienne Jacob raconte d'autres rencontres. Elle les analyse avec une pointe de mélancolie puisque depuis quelques années déjà on ne regarde plus, ni dans la rue, ni dans les transports en commun, ni ailleurs, celui ou celle qui pourrait devenir un(e) probable amant(e). On sélectionne sur annonces, libellées souvent comme des offres d'emploi.
C'est qu'il n'y a pas d'universalité géographique dans la manière dont Un homme aborde une femme et l'auteure s'empare courageusement de ce que les médias considèrent comme un fait de société (p. 55) à savoir la solitude des femmes, en osant analyser la pratique des sites de rencontre.
Les mots conduisent au corps. Fabienne Jacob connait bien le sujet auquel elle a consacré un livre en 2010 et la narratrice exprime sans détour ce qu'elle ressent face à la nudité.
La narratrice s'est fait plaquée par une phrase très crue mais elle a vécu des instants drôles, d'autres tragiques et elle raconte tout, dans le désordre. Il y aura des mots brutaux comme des cailloux, des injonctions avilissantes, de la poésie aussi. Tous ces mots bout à bout entrent en résonance avec ceux qu'on reçu d'autres femmes, voisines, camarades d'université ou amies, composant un roman original qui résonne comme une musique.
Un homme aborde une femme de Fabienne Jacob, chez Buchet-Chastel, en librairie le 23 août 2018