À la fête de l'amoureuse, en juin dernier, on annonçait la création d'un nouveau supergroupe musical qui s'appellerait Dream Child.
Il serait formé de Craig Goldy (Ex-Dio et Giuffra) à la guitare, Wayne Findlay (Ex-MSG) à la guitare et aux claviers, Rudy Sarzo (ex-Quiet Riot, Ozzy Osbourne, Whitesnake, Dio) à la basse, Simon Wright (Ex AC/DC, Dio, Operation: Mindcrime) à la batterie et Diego Valdez (de Helker) à la voix.
Aucun de ces artistes n'est intéressant à mes yeux ou mes oreilles, mais ça m'a fait réfléchir sur ce qu'on appelle les supergroupes.
Un supergroupe est toujours formé d'anciens membres d'anciens bands ayant connu un certain succès en solo ou avec d'anciennes formations musicales. On les associent surtout dans le cadre de la musique rock ou pop, mais si on se penche sur le jazz, bien des ensemble seraient de supers groupes. C'est même probablement là qu'on retrouverait les meilleurs d'entre tous. En musique classique, on a fait les Trois Ténors, en opéra, réunissant les talents de Placido Domingo, Lucianno Pavarotti et José Carreras. Mais les puristes les ont trouvé plutôt putes.
En musique pop ou rock, être pute fait partie de l'équation. De la stratégie de vente. Demandez aux garçons et aux filles de nos jours. Charlie l'a même intégré à son nom.
Voici, à mes yeux et mes oreilles, 5 supergroupes qui moi, m'ont plu.
Cream (1966-1968)
Eric Clapton, à lui seul, a fait des tonnes de groupes. Il a presqu'été un Rolling Stones et a été un Beatles le temps d'une chanson. En 1966, il a fait les Yardbirds et John Mayall & The Bluesbreakers et sa réputation de grand guitariste de blues est nettement établie. Il veut relever de nouveaux défis. Il fait la rencontre de Ginger Baker, batteur du Graham Bond Organisation. Mais Bond, est mentalement instable et très soumis à toutes les drogues. Baker s'en lasse. À la basse, l'harmonica et le piano, ils ont eu pendant un temps, Jack Bruce. Baker et Clapton avaient joué un peu ensemble avec Mayall & les Bluebreakers. Bruce y était aussi passé brièvement en 1965. Baker demande à Clapton si il veut se partir un nouveau band. Il accepte à condition que Bruce en soit le bassiste. Baker n'a que des confrontations avec Bruce et vice-versa. Ils se détestent tant qu'ils se battent sur scène et vont jusqu'à saboter les instruments de l'autre. Clapton en est le constant médiateur. Mais ils ont le temps de tricoter 3 albums et un d'adieu à moité en spectacle, entre 1966 et 1968. Ils vendront plus de 15 millions d'albums dans le monde. Ils seront régulièrement parmi les 100 meilleurs artistes de tous les temps dans les différents top 100 de VH1 ou de magazines comme le Rolling Stone.
Blind Faith (1969)
L'animosité constante entre Bruce et Baker vient à bout du trio. Clapton se tanne du blues et du rock et veut expérimenter davantage. Steve Winwood vit la même chose comme chanteur du Spencer Davis Group depuis trois ans. Winwood veut glisser un peu de jazz dans ses créations. Il quitte le band et fondera Traffic. À Surrey, il fera un jam suffisamment intéressant avec Clapton, avec qui il avait au préalable déjà collaboré, et ensemble ils veulent former un nouveau band. Ils approchent même la section rythmique de Booker T. & The M.G.'s, Al Jackson et Duck Dunn. Mais rien ne se produira avec ses deux-là. Winwood veut Baker à la batterie, mais Clapton avait promis à Bruce que si il retravaillait avec Baker, Bruce y serait aussi inclus. Winwood le convainc de prendre Baker ans Bruce. Ric Grech, de la formation Family, est rajouté à la base. Blind Faith ne fera qu'un seul album. Mais il sera fameux. La pochette en soi fait scandale avec des seins plutôt pubères sont exposés. Croisé entre Cream et Traffic, le supergroupe sera pionner de la fusion du blues et du rock.
Superheavy (2011)
Dave Stewart, ancien Eurythmics, habite la Jamaïque. Inspiré par ce qu'il entend chez lui, il veut monter un projet de supergroupe honorant sa région. Il est familier avec Mick Jagger, un habitué des va et viens en Jamaïque depuis toujours. Il veut, avec lui croiser des rythmes indiens, ce que Jagger a aussi envie de faire. Ils ajoutent alors au projet A.R. Rahman. Le nom du groupe est trouvé par la bouche poétique de Muhammed Ali. En 2009, on ajoute une couleur ragga/reaggae avec Damian Marley. On ajoute aussi une saveur soul, blues, rock, et définitivement sexy, Joss Stone. La sauce prend tellement qu'ils feront ensemble 29 chansons en 10 jours! Ils enregistreront 35 heures de musique dont certains morceaux font plus d'une heure. Ils ne feront qu'un seul album. Mais je dois avouer que je l'aime beaucoup. Très estival. Très coloré. Très très bon. Trois de leurs morceaux traînent encore sur mes listes de lecture.
Crosby, Stills, Nash ( & Young) (1968-1970 et 1973-2016)
Crosby chante, compose, joue de la guitare et du piano pour The Byrds. Stephen Stills est claviériste, guitariste, chanteur et auteur-compositeur de Buffalo Springfield qui comprend aussi Neil Young dans les mêmes rôles. Graham Nash était le chanteur, guitariste et principal compositeur de la formation britannique The Hollies. David Crosby ne s'entend plus avec les membres de The Byrds et en est expulsé. Il croise Stills qui sort de Buffalo Springfield, formation qu'on enterre aussi. Avec Paul Kantner de Jefferson Airplane, ils composent ensemble un premier morceau. Dans un party chez Joni Mitchell, en 1968, Nash leur demande de chanter un morceau de Stills. Quand les deux s'exécutent, Nash improvise des harmonies et l'effet est magique.
Cass Eliott des Mama's & the Papa's, les presse de former un trio. Il feront un premier album ensemble avant que ne se joigne Neil Young, pour le second. Un classique. L'une des plus belle chanson au monde s'y cache.
Young gardera une carrière en parallèle. Avec lui, le trio enregistre trois des 8 albums du groupe. Le groupe a été adopté par la communauté de Woodstock et post-Woodstock.
The Traveling Wilburys (1988-1990)
Si le groupe était un film, il aurait fait exploser le budget. Seuls les salaires de George Harrison, Bob Dylan et Roy Orbison auraient fait sauter la banque. En 1988, George Harrison demande à Bob Dylan si il peut enregistrer une Face B pour un single dans son studio personnel de Malibu. Dylan accepte. Mais Handle With Care est un très bon morceau aux oreilles de Dylan et il veut y mettre du sien. Ensemble, ils l'améliorent. Ça ne peut plus être une face B. Harrison déjeunait avec Jeff Lynne (ex-Electric Light Orchestra), ce matin-là. Quand il vient les rejoindre, ça tourne au jam collectif. Lynne travaillait aussi avec Tom Petty. Harrison oublie sa guitare un matin et Petty s'y trouve avec la sienne. On le colle au band. Lynne et Petty vont voir ensemble Roy Orbison et sont flabbergastés par sa performance sur scène. Ils voient un band. Naît la famille Wilbury. On les cache sous des pseudonymes comme les 5 demi-frères Wilbury. Jeff Lynne est Otis Wlibury. Harrison, Nelson Wilbury, Petty, Charlie T. Junior, Dylan, Lucky Wlibury et Orbison, Lefty Wilbury. Mais on ne leurre personne, les voix sont trop familières. Un vidéo sera alors créé pour Handle With Care. Un premier album enregistré en équipe, sera un succès critique et public.
Ils feront un second album tellement ils ont eu du fun (qui se communique) mais Roy Orbison décède d'une crise cardiaque en décembre 1988. On lancera alors le second (et dernier) album à 4, changeant même les 4 pseudonymes pour Spike Wilbury, pour George Harrison, Clayton pour Jeff Lynne, Muddy pour Petty et Boo pour Dylan.
Les vrais supergroupes sont éphémères.
Parce que composés de tants de supertalents, qu'ils ont de l'élan pour l'ailleurs.