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[critique] Peppermint

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] Peppermint

Quand le réalisateur de Taken s'associe au scénariste de London has fallen et à l'actrice de la série Alias, on ne sera pas surpris que le maître-mot du film ne soit pas trop la subtilité mais plutôt l'efficacité. Il n'en demeure pas moins un formidable moyen de remettre en valeur une actrice trop rare sur nos écrans depuis quelques années : Jennifer Garner.

Riley North voit sa famille assassinée sous ses yeux et les coupables s'en tirer. Elle va donc se préparer pour venir se venger de tous ceux qui lui ont causé du tort.

[critique] Peppermint

La phrase d'introduction d'un film donne souvent la couleur et c'est une de fois plus vrai dans ce cas-ci. Quand Riley North lâche " You don't remember me, do you ? " (" Tu ne te souviens pas de moi, hein ? "), plein de souvenirs, un peu lointains désormais, nous remontent à la mémoire : ce temps où Jennifer Garner était une héroïne d'action pour la télé (Alias) ou le cinéma (Elektra, The Kingdom). Il faut bien reconnaître qu'elle a cherché sur ses dix dernières années à élargir sa palette d'actrice délaissant les rôles physiquement exigeants. La voilà bien de retour au cinéma qui a fait sa renommée.

Bien que le film démarre le pied au plancher, on revient relativement vite sur l'origine de l'histoire et c'est en partie là que réside l'intérêt du métrage. Malgré des atours assez sauvages de film d'action calibré, on est face à une oeuvre centrée sur une performance d'actrice. Jennifer Garner, quasiment de tous les plans, nous offre à voir l'étendue de son talent en interprétant quasiment trois personnages bien distincts, chacun une facette de l'héroïne : la mère aimante et raisonnable, la veuve dévastée et, pour finir, la machine à tuer. Les adaptations dans l'intensité du regard, le ton de la voix ou les postures sont subtiles mais bien présentes. Voir ces trois versions d'un même personnage se télescoper n'a pas d'impact que sur la représentation du personnage mais aussi sur les petites scènes ou détails à côté de l'histoire. Quelques séquences, qui paraissent incongrues (elle rend la justice en bonne mère de famille) et présentes juste pour alléger la tension entre deux scènes d'actions, montrent bien que si ses compétences et sa résolution nouvelle ont été acquises, certains vieux réflexes restent. J'ai par exemple trouvé très drôle de la voir piquer une voiture et galérer pour attacher sa ceinture de sécurité, gênée qu'elle était par la présence d'un fusil mitrailleur. Cet investissement absolu jusque dans les détails est définitivement le point fort du film.

[critique] Peppermint

STX, société productrice du film, semble avoir compris qu'un marché avait été délaissé depuis quelques années et tente de fournir une offre afin de répondre à une demande potentielle. Les gros studios semblent désormais surtout se concentrer sur des films énormes et les indépendants peinent à grossir. Entre les deux, tout le marché de la série B à budget moyen a quasiment complètement disparu. C'est un peu ce créneau que des films comme Mile 22 ou ce Peppermint cherchent à remplir. On ne va pas se voiler la face, l'histoire est déjà vue et revue, le film ressemblant à s'y méprendre à une version féminine de The Punisher. L'attrait de celui-ci est qu'en dehors de la performance d'actrice, on a un solide metteur en scène d'action à la barre. Que l'on aime ses films ou pas, on ne peut pas nier que Pierre Morel ait un bagage qui lui permet d'optimiser les scènes d'actions vers l'essentiel : l'efficacité. C'est d'ailleurs une des plus grandes qualités du film : son aptitude à avancer sans cesse. Tout ce qui reste à l'écran a été dégraissé du superflu et le métrage fonce tout droit sans se retourner, jusqu'à l'absurde. Certaines scènes paraissent manquer, uniquement compensées par une ligne de dialogue. Il faut reconnaître cependant que leur addition aurait ralenti le rythme et n'aurait rien ajouté de plus.

Venons-en à ce qui fait déplacer les foules : l'action. Le manque d'originalité des situations est compensé par une grande maitrise de la scénographie et de la façon de faire avancer cette action. Les séquences de fusillades sont très fluides et remarquables dans leur habileté à permettre au spectateur une lisibilité sans faille des enjeux et des positionnements de protagonistes. Pierre Morel semble en tout cas s'être bien amusé à chorégraphier ces séquences. Une d'elles restera surtout en mémoire, celle de la boutique de piñata et son spectaculaire carnage. Jennifer Garner s'y révèle particulièrement efficace, presque trop pour un personnage que le trajet de vie ne menait pas dans cette direction.

Le seul vrai regret du film est un ressort dramatique utilisé mais pas exploité

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correctement dans la dernière partie du film. La contextualisation des actions de l'héroïne du point de vue du reste de la population est quelque chose qui aurait pu apporter quelques questionnements éthiques, une réflexion sur la fonction et l'utilité des vigilantes, ces personnes qui agissent en dehors de la loi pour rendre une justice qu'ils estiment bafouée. C'est là que le film aurait pu se distinguer mais cela reste en filigrane afin de ne pas entraver la course en avant de l'histoire.

Peppermint est un bon film d'action de série B, un peu desservi par un scénario un peu trop prévisible, mais que l'investissement de l'interprète principale et l'efficacité de la mise en scène rendent plus que recommandables.


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