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(Anthologie permanente) Helmut Heissenbüttel, par Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé

HeissenbuttelFragment I

Lorsque des jours il me souvient
où de savoir tout me semblait
lors s’infiltre railleur un rire
à l’intérieur de mon oreille.
Étrangement triste la métamorphose pourtant
presque moqueuse par nostalgie.
S’écrasant tel le fruit dans sa chute
qui amèrement exhale la suavité du mûrissement
ainsi était le cœur.
Les fleurs de la chair
éclosent blanches et froides.
Vers où hélas devrais-je
fuir devant la folie ?
Entre les arbres le paon déploie
sa roue
et crie.
Source : Helmut Heissenbüttel : Kombinationen, Bechtle 1954. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Bruchstück I

Gedenk ich der Tage
da zu wissen mich alles dünkte
schleicht sich spöttisch Gelächter
durchs Ohr mir.
Aber seltsam traurig verwandeltes
wie aus Sehnsucht spöttisch.
Aufplatzend gleich der hingefallenen Frucht
und bitter duftend in die Süße seiner Reife
war das Herz.
Die Blüten des Fleisches
blühn weiß und kühl.
Wohin ach soll ich
vor dem Wahnsinn fliehn.
Zwischen den Bäumen schlägt der Pfau
sein Rad
und schreit.
Source : Helmut Heissenbüttel : Kombinationen, Bechtle 1954.
/
Poème de vie intérieure avec Sigmund Freud

ma vie intérieure est une demeure que je traverse en coup de vent le matin
réveillé éveillé
l’esthétique est la doctrine des qualités de notre vie intérieure
trombes de pluie piquent mon visage vent force dix me courbe en angle aigu
hors d’haleine est ma vie intérieure entre lumière et ombre
dans les coins se meuvent les chauve-souris des chimères aux doigts en serres
derrière la table d’écriture s’anime l’inquiétante étrangeté
cette inquiétante étrangeté a de tout temps accompagné la vie de l’âme
bordures des chemins dans la pluie d’été en suspens les constellations des fleurs de sureau
étrangement pondéré l’intérieur
chancelant cri silencieux
tout le stable en moi a tremblé
il me laisse sans voix
il ne me laisse pas sans voix
balades dans l’œil de l’obscur de l’aimée
lumière transversale
passages transversaux
récifs transversaux du ciel de pluie
frissonnant clitoris de la vie intérieure
fourneau du plexus solaire
consumé cavalé
bruissement incessant des peupliers
calcul de la pluie
entretemps pensé que c’est stupide et ceci te décroche les écailles des yeux
yeux dans le noir innombrables
sperme sur la paupière
compulsion de répétition engendrée par pulsions inconscientes
la mer dans le ventre se retourne lentement
formules magiques du majeur qui s’affaire à refermer l’œuf
l’œil éclate débordant de lave
nœuds d’anguilles aux yeux de serpent
revoir rêvé à quatre yeux
je gis enchâssé dans ma veille matinale
trouvé est devenu ce que ma langue réalise
en rêve je suis inondé et dans la neige submergé
empli dans les mots signifie ressenti
délivrés dans le texte ensemble cheveux d’ange noirs de rêve
inextinguible est le dicible
Source : Helmut Heissenbüttel : Textbuch 8, Klett 1985. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Gedicht von Innenleben mit Sigmund Freud

mein Innenleben ist eine Wohnung, durch die ich hindurch gehe wie ein Windzug am Morgen
aufgeweckt aufgewacht
Ästhetik ist die Lehre von den Qualitäten unseres Innenlebens
Regenböen stechen mein Gesicht Windstärke zehn beugt mich zu spitzem Winkel
atemlos steht mein Innenleben zwischen Licht und Schatten
in den Ecken bewegen sich die Fledermäuse der Chimäre krallenfingrig
hinterm Schreibtisch wirds unheimlich lebendig
dieses Unheimliche ist dem Seelenleben von alters her vertraut
Wegränder in den Sommerregen gehängt Sternbilder der Holunderblüten
unheimlich gewiegt innen
taumelnd lautloser Aufschrei
alles Fixe in mir hat gebebt
es verschlägt mir die Sprache
es verschlägt mir die Sprache nicht
Ausflüge ins Auge der Schwärze der Liebsten
Querlicht
Quergänge
Querriffs des Regenhimmels
Innenlebenklitoris zitternd
Solarplexusherd
weggebrannt weggerannt
Dauerrauschen der Pappeln
Regenkalkül
dachte inzwischen es ist wirklich nur Quatsch und dir fällts wie Schuppen von den Augen
Augen im Dunkeln unzählig
Sperma auf dem Augenlid
der von den Triebregungen ausgehende Wiederholungszwang
das Meer im Bauch das sich langsam umdreht
Zaubersprüche des Mittelfingers die das Ei zuzuschließen bemüht sind
zerplatztes Auge feurig auslaufend
schlangenäugig Aalknoten
Wiedersehen geträumt vieräugig
ich liege eingebettet in meine Morgenwacht
gefunden ist geworden was meine Zunge macht
in Traum bin ich gebadet ich bin in Schnee gespült
gefüllt in Wörter ist gefühlt
erlöst im Text zusammen traumschwarzes Engelhaar
sagbar ist immerdar
Source : Helmut Heissenbüttel : Textbuch 8, Klett 1985.
/
Concertation en langage formalisé

quand alors dans ce moi miroir de l’introuvable
reflétant le lointain en enfilade de miroirs dans l’intérieur scellable
délaissement détrempé par le vent du retour chez soi mêlé
à un silence plus muet plus finalement blessé
écho d’absentement voix en murmurant écho
des années et de l’oreille dis oui dis non écho
c’est en moi que j’erre un signe nous sommes chutant
vernis courbé ovale dans l’inaudible bégayant
une tache boursouflée d’ombre luisante d’humide
effaçant imaginaire le souvenir et vide
ébloui peu de couleur perpendiculairement encré
axe noyé encore la hampe sectionnée
englouti par miroir levant les yeux en arrière sous-
jacent le monde quoique différent monde inverse miracle sourd
dans l’inventé une estampée allégorie
allégorie du monmoi comme privé de fable ainsi
qu’un fantasme de fantaisiste qui fut là si-
multané sur une base multilingue allégorie
photo photoformée basique nuage mien coincé
lunsurdanssurlautre sans bouche muet feuillet
transparaissant le soir toujours un chemin commun auprès
du deuxième reflet de rive argentée ma trinité
au devant d’Orion vers ma maison sur chemin estrangeant
enjolivure émotion renchérissure argument
du encore et encore hallucination jubilatoire
après chaque effervescence d’un nouvel ouvrage car
Source : Helmut Heissenbüttel : Textbuch 4, Klett 1964. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Rücksprache in gebundener Rede

wenn denn in diesem ich des Unauffindbarn Spiegel
Entferntes spiegelnd Spiegelflucht Innerens Siegel
Verlassenheit von Heimwegwind durchtränkt versetzt
mit schweigenderer Stummheit schließlicher verletzt
des Wegseins Echo Stimme murmelnde Echo
der Jahre und des Ohrs sag ja sag nein Echo
ich geh in mir herum ein Zeichen sind wir fallend
oval gekrümmt Lackspur ins Ungehörte lallend
ein aufgeschwemmt dunkel und feucht glänzender Fleck
Erinnerung imaginär löschend und weg
geblendet wenig Farbe ausgetuscht querab
geschwemmter Schwerpunkt wieder abgeknickter Stab
von Spiegel überspült rücklings aufblickend unter-
gründig Welt wenn anders Welt invers stumm Wunder
ins Eingebildete gestanzt Allegorie
meinselbst Allegorie wie ohne Fabel wie
eines Phantasten Phantasie der war da si-
multan auf vielsprachigem Grund Allegorie
Photo photovertraut Grundwolke meiner steckt
aufeinundineinander mundlos stumm Prospekt
durchscheinend abends immer Weg zusammen mit
dem spiegelzweiten Silberufer meinselbdritt
Orion entgegen nach Haus entfremdet Weg
Staffage Emotion Auftrumpfendens Beleg
des wieder wieder Halluzination und geil
nach jeder Sensation der Neuerscheinung weil
Source : Helmut Heissenbüttel : Textbuch 4, Klett 1964.
Choix et traductions inédites de Jean-René Lassalle.

Dossier composé par Jean-René Lassalle. On peut lire cette présentation du poète et de son travail.


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