Partager la publication "[Critique] LA NONNE"
Titre original : The Nun
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Corin Hardy
Distribution : Taissa Farmiga, Demian Bichir, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Ingri Bisu, Charlotte Hope, Sandra Teles, August Maturo…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 19 septembre 2018
Le Pitch :
Le suicide d’une jeune nonne attire l’attention du Vatican sur une abbaye roumaine perdue dans la campagne. Un prêtre et une bonne sœur sont alors dépêchés sur place pour mener l’enquête. Ils ne vont pas tarder à s’apercevoir que le lieu est sous la coupe de Valak, un terrifiant démon venu du fin fond des âges…
La Critique de La Nonne :
La saga Conjuring ne cesse de s’étendre. Après les deux premiers volets et les deux épisodes d’Annabelle, voici donc venir La Nonne, soit l’origin story de Valak, un démon déjà aperçu dans ses habits de nonne dans la saga. Un film qui a fait un véritable carton aux États-Unis et qui arrive chez nous par la grande porte, porté par une promo XXL qui laissait présager à la fois le pire et le meilleur. Alors qu’en est-il vraiment ?
Faites vos prières
L’histoire de La Nonne se déroule dans les années 50 dans un couvent perdu au fin fond de la Roumanie. Premier constat : les décors sont superbes. L’abbaye en particulier, qui impressionne réellement, dans son écrin de verdure, entourée de bois inquiétants propices aux frissons. Corin Hardy, le réalisateur, déjà responsable de l’efficace, Le Sanctuaire, sait tenir une caméra et profiter d’une belle photographie, qui donne d’emblée un cachet certain au film. Mais aussi doué soit-il, Corin Hardy est aussi aux commandes d’un blockbuster qui se doit de répondre à certaines attentes tout en respectant quelques codes, dont certains plutôt encombrants. Car La Nonne n’a rien de révolutionnaire. On s’en aperçoit malheureusement tout aussi vite. Malgré l’aspect parfois radical pour un film doté d’un budget aussi conséquent (nous y reviendrons) et malgré son personnage principal assez effrayant en lui-même, il ne peut s’empêcher d’avoir recours à des mécanismes confortables qui, mine de rien, plombent peu à peu l’entreprise. Et ce jusqu’au dénouement, lui aussi très convenu…
Jump scare or not jump scare ?
Car La Nonne ne recule devant aucun jump scare pour tenter d’éveiller la peur chez les spectateurs. Certes ces derniers ne font pas partie des plus opportunistes, mais ils sont là et au fond, c’est suffisant pour amoindrir l’impact de la démarche qui vient alors se ranger du côté de la grande majorité des productions horrifiques un peu faciles qui chaque année, inondent les salles.
Cela dit, il faut néanmoins souligner que le long-métrage de Corin Hardy reste efficace sur la longueur. D’une part car, comme mentionné plus haut, Hardy sait ce qu’il sait ce qu’il fait et de l’autre, car le scénario, aussi basique soit-il, s’avère assez rythmé pour maintenir l’attention. Les acteurs jouent également beaucoup en faveur du film. Surtout le duo de tête, composé de la très recommandable Taissa Farmiga, vulnérable au début et plus forte à la fin, symbole d’une innocence menacée par le mal, et le solide Demian Bichir, qui fait le job avec un professionnalisme certain. La Nonne pour sa part, même si elle ressemble un peu à Marilyn Manson qui n’aurait pas dormi de trois jours et qui aurait méchamment abusé du maquillage, fait aussi son petit effet. Cela n’enlève pas le côté absurde à la base du concept du personnage mais son apparence et sa façon de surgir quand on s’y attend le moins, charriant avec lui une atmosphère parfois assez pesante, sont convaincantes la plupart du temps. C’est aussi le cas de certaines idées, pas toutes franchement exploitées mais de temps en temps vraiment efficaces.
Atmosphère certes relative à l’époque abordée mais néanmoins soignée. Ce n’est pas si fréquent pour être souligné, mais cela ne suffit pas à faire de La Nonne le nouveau chef-d’œuvre de l’épouvante que certains espéraient. Juste un bon film du samedi soir, avec ce qu’il faut de frissons téléphonés, de scènes un peu gore et de retournements plus ou moins prévisibles.
En Bref…
Inférieur aux deux volets de Conjuring, mais nettement meilleur que le premier Annabelle, La Nonne offre un spectacle aux airs gothiques un peu surfaits mais la plupart du temps convaincants. C’est d’ailleurs grâce à son ambiance, travaillée, que le film gagne ses galons. Grâce à ses acteurs aussi et à la maîtrise d’un réalisateur un peu bridé mais solide sur ses appuis. Pour le reste, c’est du déjà vu mais ça n’enlève en rien le côté divertissant de l’ensemble.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France