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Rhétorique de l’élégance

Par Richard Le Menn

Rhétorique de l’élégance

Écrire sur l'élégance ne veut pas dire obligatoirement être soi-même élégant, du moins selon l'entendement de tous. Le style est un choix qui s'exprime selon les possibilités, et l'écriture est particulièrement appropriée pour le manifester, le terme même de " style " venant du latin stilus : objet pour écrire, écriture, manière d'écrire...

Tout est une question de rhétorique, un art du verbe. L'Évangile selon Saint-Jean débute en formulant qu'" Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. / Elle était au commencement en Dieu./ Tout par elle a été fait, et sans elle n'a été fait rien de ce qui existe. / En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes, [...] "

Lorsqu'Aristote écrit, dans sa Poétique, que le rythme, comme l'harmonie et l'imitation sont dans la nature de l'être h

Rhétorique de l’élégance
umain, il exprime, je trouve, cette même réalité, car la parole est mouvement... La première chose que fait l'être humain, avant même de naître, est de bouger, n'est-ce pas ? Sa vie ne tient qu'au mouvement : les battements de son cœur... Sa respiration est le premier dialogue qu'il entame avec le monde.

À partir de ces impulsions, des univers se déploient, avec leur rhétorique, leur poétique, leur grammaire... Toutes les réalités ayant pour base une mesure du monde, aucune n'est plus vraie qu'une autre. Le mot " mesure " est joli, car il comprend les idées de dimension, décision, évaluation, précaution, disposition, limitation, modération, rythme, et donc de création ou/et d'imitation selon le tempérament de chacun. Il n'y a pas de grand et de petit, de bon et de mauvais, mais des choix élaborés par rapport à ce qui est déjà présent. Alors, il n'existe pas non plus d'élégance ? " Être ou ne pas être ", comme le fait dire Shakespeare à un de ses personnages. Nous sommes pourtant bien là... dans le verbe... tout en étant dans son illusion... Le verbe est illusoire, car il n'est que mouvement ; aucune réalité n'est intangible ; ce ne sont que des va-et-vient dans l'espace, sans fondement, ni but. Là se trouve le gandin : dans ce goût délectable. Pour lui, le rythme n'a de réalité que dans sa beauté, que dans le plaisir qu'il procure. C'est pour cette raison que la musique et la danse sont très appréciées des gandins de toutes les époques, tout comme, la pause, ce moment de grâce... de suspension dans le temps...

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