Magazine Culture

Paul McCartney, le « Pharaon pop » de retour avec « Egypt Station

Publié le 10 septembre 2018 par John Lenmac @yellowsubnet

L'ex-Beatles signe un retour... épique !
Parfois, il dit regretter le temps où John et lui finissaient une chanson en une journée, lui qui a succombé à la tentation du progrès en enregistrant désormais sur son téléphone portable les fragments de morceaux qui lui viennent - " des milliers, " dit-il. Des secrets de composition du plus grand alchimiste de la pop, on ne sait guère plus, au fond, qu'en 1963. Lui-même prétend ignorer la façon dont sont nées toutes ces chansons miraculeuses. Alors, sans doute parce qu'il doit son titre à l'un de ses tableaux (Egypt Station, 1988), on peut être tenté de comparer le nouvel album de Paul McCartney au travail d'un peintre en pleine effervescence créatrice : ici, pris d'une impulsion soudaine, il balance d'amples taches de couleurs vives sur sa toile (Come On to Me, sorte de Dance Tonight shaké à sa tonitruante relecture du It's So Easy de Buddy Holly dans le tribute Rave On) ; là, il procède par petites touches impressionnistes, le temps de la bouleversante Happy With You, ballade acoustique à la I Will. Ailleurs, usant de différents matériaux à la façon des maîtres du cubisme, il assemble un fascinant collage sonore comme il les affectionne depuis la face B d'Abbey Road : la suite Despite Repeated Warnings cristallise tout le génie de son songwriting. La majestueuse ballade piano/guitare, immédiatement familière, le break rythmé façon Wings, entre riffs de guitare et montées orchestrales, le pont, embrasé par les cuivres... Et puis, comme un chat, le voilà qui retombe sur ses pattes, revenant au segment initial pour un finale somptueux, où s'enchevêtrent différentes parties vocales.

Egypt Station ne dissipera en rien le mystère Paul McCartney. C'est le disque d'un artiste en perpétuel questionnement, passionnant, surprenant, qui joue des réminiscences (Hand in Hand, I Don't Know) tout en plongeant sans cesse vers l'inconnu (Back in Brazil, aux accents de tropicalisme) avec la même candeur que lorsqu'il avait 20 ans. La voix plus rauque que par le passé, plus présente aussi, Macca distille la nostalgie du temps qui passe, des êtres chers partis avant lui, autant que ses doutes sur le fait d'être sans cesse mis au défi par une nouvelle génération de musiciens. La réponse est cinglante. Dans ce disque, son meilleur depuis Chaos & Creation in the Backyard, il excelle dans l'art de se mettre en danger, tout en assumant humblement son statut d'icône rock.

Alain Gouvrion


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


John Lenmac 6235 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines