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Paul McCartney remonte au sommet de la pyramide pop avec « Egypt Station »

Publié le 06 septembre 2018 par John Lenmac @yellowsubnet

Il est une des dernières légendes de la pop, mais une légende bien vivante: Paul McCartney sort vendredi " Egypt Station ", son superbe 17e album solo, truffé de perles mélodiques à la fois enthousiasmantes et émouvantes, à placer au sommet de sa discographie.

A 76 ans, l'ex-Beatle revient donc avec son opus le plus ambitieux depuis la merveille que fut " Chaos and Creation in the Backyard " (2005). Laquelle devait sa réussite autant au génie de son créateur qu'à la production avisée de Nigel Godrich, connu pour ses collaborations avec Radiohead.

Cette fois, McCartney s'est entouré de l'Américain Greg Kurstin, l'homme derrière les succès de la chanteuse Adele, également collaborateur de Liam Gallagher et des Foo Fighters. Un réalisateur solide qui n'a peut-être pas eu en revanche la poigne d'un Godrich pour convaincre la star de retirer trois, quatre titres sur les 16 au total. Ce qui aurait encore élevé l'ensemble en pièce maîtresse.

Néanmoins sur " Egypt Station ", McCartney fait montre d'une inventivité intacte et c'est un véritable exploit à un tel âge, canonique dans le rock. Il semble être le seul à pouvoir encore élever son niveau de jeu, contrairement au duo Mick Jagger-Keith Richards ou à Brian Wilson, qui ne cessent de recycler les tubes d'avant-hier des Rolling Stones et des Beach Boys.

Si la touche de génie Beatles point par instants, notamment sur " Fuh You ", " Do it Now " ou " Hunt You Down Naked Clink ", nulle nostalgie à l'horizon. McCartney, du haut de sa pyramide, ne se complaît pas à contempler 60 ans d'histoire de la pop musicale dont il a posé les fondations et écrit parmi les plus belles pages avec les Fab Four, il sort de sa zone de confort. Probablement le résultat de l'émulation née de ses récentes collaborations avec le talentueux et aventureux Kanye West.

Un autre sommet de l'album se trouve en fin de parcours de ce disque qui brille également par sa cohérence, avec deux instrumentaux inspirés en ouverture (" Opening Station ") et en presque clôture (" Station II "). " Despite Repeated Warnings " est un morceau de sept minutes qui contient quatre mélodies distinctes rappelant dans l'esprit le tube " Uncle Albert/Admiral Halsey " coécrit avec sa première épouse Linda et qui figure dans son deuxième album solo " Ram " (1971).

" Coups de génie "
" The engine's going to blow and we're going to be left down below " (" Le moteur va exploser et nous allons rester en bas "), prévient McCartney dans cette chanson sur le réchauffement climatique, avant de marteler des " Yes, we can do it ! " (" Oui, nous pouvons le faire ! ") aux relents " Obamesques " pour appeler à une prise de conscience que conteste notamment l'actuel président américain Donald Trump.

Combatif, Macca semble avoir aussi fait la paix avec lui-même, lui qui se laissa parfois gagner par des sentiments négatifs. " I used to drink so much/Forgot to come home/I lied to my doctor/But these days I don't/'Cause I'm happy with you/I got lots of good things to do " (" Je buvais trop/J'oubliais de rentrer à la maison/Je mentais au docteur/Mais je ne le fais plus/Car je suis heureux avec toi/J'ai plein de bonnes choses à accomplir), chante sur " Happy With You " celui qui a épousé en troisièmes noces l'Américaine Nancy Shevell en 2011.

La beauté mélodique se double d'une émotion à fleur de peau sur " I Don't Know ", une ballade piano-voix qui évoque les doutes qui peuvent surgir au cours d'une relation et dont McCartney lui-même avoue que c'est son titre préféré de l'album. On n'est pas loin de partager cette opinion tant il émeut avec son interprétation qui trahit un timbre vieillissant.

Car oui, McCartney n'échappe pas au temps qui passe, même s'il est encore capable de coups de génie et s'il a encore l'énergie pour se produire dans des concerts de trois heures, un minimum pour rejouer ses innombrables grands classiques.

Cette fois, que ce soit à Québec City, où il lancera sa tournée mondiale le 17 septembre, ou à Paris le 28 novembre à La Défense Arena, ou chez lui à Liverpool le 12 décembre, ses nouvelles compositions mériteront d'être appréciées avec la même attention.


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