Aussitôt que j’ai vu l’album, je n’ai pu passer à côté du clin-d’œil de Dobet Gnahoré à l’une de ses chanteuses favorites. Oui, impossible pour moi de ne pas retrouver une certaine sensation similaire à celle qui nous touche lorsque l’on voit Homogenic de Björk, album aussi classique pour sa musique que pour sa pochette, l’artiste apparaissant figée et tellement sure d’elle.
Il s’agit pour l’artiste ivoirienne, comme ce fut le cas pour son aînée islandaise, de s’inscrire dans une lignée – ici, celle de femmes musiciennes – tout en en prolongeant les ramifications avec sa propre vision et personnalité. Bien sûr, d’autres modèles lui auront insufflé la force et le courage de vivre sa passion avec humilité et fierté à la fois, la première d’entre elles étant une autre légende vivante de la musique : la grande Angélique Kidjo.
Un point commun entre ces trois artistes ? Chacune tire son inspiration de ses racines géographiques, et s’ouvre à l’univers de la Musique qui est fait de métissages. Des métissages aussi éclectiques qu’il existe, par exemple, de langues dans la seule Côte-d’Ivoire. Björk et Angélique Kidjo sont toutes deux devenues des ambassadrices de leur terre natale respective, quand bien même l’une et l’autre vivent à Londres et New York. Dobet Gnahoré a pour sa part choisi la non moins cosmopolite Paris…
Elle ne se restreint bien entendu pas à des artistes féminines, car de grands noms tels Youssou N’Dour ou Salif Keita n’ont pas eu une importance moindre sur sa trajectoire. Aussi Dobet Gnahoré est-elle une ambassadrice, tout aussi humble, via son art qui mélange sonorités et rythmes africains et électroniques. Quant au choix de la langue, ce sont naturellement le français mais surtout le bété qui viennent nous distiller au choix son message sans ambiguïté ou sa poésie enchanteresse.
Musicalement – hormis la reprise « Afrika », Dobet compose l’intégrale de ses chansons – Miziki est autant de la world music que tout simplement de la pop. Et si je ne parviens à comprendre un seul mot de bété, je me rend compte que les paroles me touchent autant, si ce n’est davantage encore, que quand elles sont en français. Côté électronique, l’une de mes chansons préférées serait « La source », avec ses sonorités discrètes qui me remémorent un certain Vespertine. Mais j’avoue que je vibre encore plus sur « Detenon » et son délicieux jeu de guitare, et surtout sur la magnifique « Miziki » qui la suit !
(in heepro.wordpress.com, le 25/09/2018)
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