C’est dans le film d’Éric Caravaca, Carré 35, que j’ai entendu le titre de ce roman de Laurent Gaudé et, peut-être, ces phrases : « Je ne viendrai plus jamais ici. Je ne déposerai aucune couronne. Je n’arroserai aucune fleur et ne ferai jamais plus aucune prière. »
Nous sommes à Naples, en 1980, l’année d’un terrible séisme. Mais c’est le café de Filippo que nous allons d’abord goûter. Un café qui va bouleverser mon temps de lecteur. Je passerai de 2002 à 1980 dans un sens puis dans l’autre et encore plusieurs fois. Il me faudra atteindre la moitié du livre pour découvrir, à Naples, la Porte des Enfers qui ressemble à celle qu’a sculptée Rodin un siècle auparavant. Et nous voici aux Enfers. Ce n’est pas du tout l’enfer de la tradition chrétienne. C’est un lieu de gémissements et de souffrances. Comme est un lieu de souffrances cette ville encombrée, où un enfant meurt sous les balles d’un mafieux. Où une femme, Giuliana, demande à son mari : « Rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le-moi, ou, si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l’a tué ! » Où un prêtre refuse de faire le miracle attendu par une mère.
La mort est partout, dans la poussière, dans les ruines. Et la vie est un combat incessant, dans le présent et dans la mémoire.