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Les Frères Sisters (2018), Jacques Audiard

Par Losttheater
Les Frères Sisters réalisé par Jacques Audiard

Lorsqu’Audiard s’attaque au western, on s’attend à une redéfinition du genre. Ou du moins, à ce que le genre soit au service de son cinéma. Et non pas l’inverse. Avec Les Frères Sisters, le résultat déçoit, ou alors il n’est pas du tout surprenant. Comme finalement dans tous les westerns, depuis ses débuts, le genre ici ne déroge pas à la règle, il nous conte les fondements de l’Amérique. Seule différence, et pas des moindres, la narration qui contourne les sentiers battus sans pour autant s’éloigner d’un didactisme très académique. Audiard fait alors irruption dans le genre sans chercher à lui insuffler un nouvel élan, quitte à provoquer l’ennui chez un spectateur venu chercher quelque chose d’inédit à se mettre sous la dent.

Dans un premier temps, il place les frères Sisters sur les devants de la scène. Les deux chasseurs de primes sont à la recherche d’un chimiste qui leur permettra d’accéder à l’or plus facilement grâce à une formule révolutionnaire. S’ensuit une descente vers un terrain miné où l’Amérique se représente à travers sa nature sauvage et dangereuse. Audiard crée alors un contraste de la violence qui émane des deux hommes en usant du montage parallèle. Un montage à travers lequel il nous fait découvrir l’autre tandem du film, beaucoup plus paisible que le premier. La réunification des deux équipes s’effectuera dans un deuxième temps. Alors qu’on s’attendait à un affrontement, c’est dans l’entraide qu’ils se retrouvent. Le film dessine soudain des notes plus légères et qui offre la possibilité d’un espoir dans la vie de ces hommes. Cet espoir est vite balayé du tableau quand la fameuse formule chimique se retourne contre eux via des effets toxiques. Une quête de l’or nocive qui vient grignoter la peau des hommes. Ce qui va mener à un troisième temps lorsque finalement les frères Sisters n’auront comme solution que de rebrousser chemin. Les deux protagonistes vont vite retomber dans leurs travers quitte à se pourrir un peu plus. La résolution finale n’apportera alors rien de ce qu’on attendait vraiment de cette histoire.

Tout dans la narration choisie par Audiard vient donc déconstruire ce qui nous a été présenté au préalable. Ainsi tout ce que l’on attendait du récit n’arrivera jamais. Au contraire, les éléments vont se déliter, les corps comme la morale des personnages. Et ce pour faire renaître de ses cendres un amour fraternel perdu dans ses excès de violence. Cela illustre le fait que le scénario repose sur une manœuvre, certes adroite, mais qui pourtant ne cache jamais le peu d’enthousiasme porté à la minutie du développement. Comme si Les Frères Sisters était perpétuellement freiné dans son traitement et rebroussait chemin à chaque fois que l’action pourrait pointer le bout de son nez. Certes le traitement peut paraître surprenant, mais ce qui surprend d’autant plus c’est qu’Audiard n’impose jamais son propre style à cette histoire.

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