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Album - Karin Clercq - La Boîte de Pandore

Publié le 04 octobre 2018 par Concerts-Review

'J'avance', avec pudeur, traite du trafic des migrants, de passeurs sans scrupules, de sentiments opposés: le doute, l'effroi, l'espoir, le tout est souligné par un fond musical tourmenté s'envolant en crescendo.

Déjà trois minutes propices à la réflexion.

'La boîte de Pandore' mise sur une boîte à rythmes, des choeurs acidulés et des sonorités electro-pop hyper dansantes.

Et si en ouvrant la chose on découvrait que l'espoir n'est pas moribond!

En duo vocal avec Sacha Toorop 'Je garde' prend la forme d'une belle ballade, classique, évoquant la fin d'une liaison.

'Partie' , sorti en single en 2017, chante les lendemains du coup de foudre.

Paul Simon disait there are '50 ways to leave your lover' , plus abruptement, Higelin clamait ' Pars', Karin Clercq dépeint la rupture en teintes pastel, entre le sombre et le clair, en évitant les éclats et les cris.

Il y a un mois à Saint-Quay-Portrieux , tu assistais au concert de La Green Box ( Florent Vintrigner, Benoît Laur) reprenant Victor Hugo, la chanteuse belge, elle, fait appel à Alfred de Musset.

'On ne badine pas avec l'amour' subit un traitement martial.

Texte scandé, touches de piano martelées, mouvement apaisé, vocalises aériennes, retour au front, nouvelle accalmie avant une explosion noisy soutenue par des cordes grinçantes.

'Presque une femme' reçoit le concours de Faon Faon et évoque la gymnastique vocale de Camille.

Avec l'existentiel 'Pourquoi' madame s'essaye, avec succès, au flow hip hop , 'Le meilleur qui nous reste', qui succède au titre interrogatif, développe la philosophie d'une femme qui a mûri , qui désormais a un regard plus lucide sur la vie.

Karin aime ( se) poser des questions: 'Où allons-nous?' .

Bart, as-tu une réponse? Est-ce la fin? Le divorce est-il inéluctable?

Parenthèse, le Brexit, le No Deal, on a lu quelque part ...There could be long delays at borders if passport and customs checks are heightened... et ce n'est qu'une des conséquences de la désunion totale.

Alors, Bart et les autres, où allons-nous?

On continue ou c'est chacun chez soi?

Il n'y a pas que Brel à chanter le vent du nord, la bise qui fait craquer le plat pays est omniprésente dans la plage mélancolique 'Tu me dis'.

'Madame rêve', d'Alain Bashung ( texte de Pierre Grillet), vu par une interprète féminine prend d'autres teintes que l'original, peut-être encore plus sensuelles, le timbre proche de Marlene Dietrich, le piano grandiloquent et les percussions entêtantes font mouche.

Dommage que Gilles Verlant ne soit plus de ce monde pour entendre cette reprise lumineuse.

L'album s'achève par un coup poing: ' Antigone'!

Sophocle, Anouilh, Bauchau, côtoient Malala Yousafzai, à laquelle l'interprète énervée emprunte... I speak not for myself but for those without voice..., ou l' Asociación Madres de la Plaza de Mayo manifestant devant le siège du gouvernement, à Buenos-Aires, dans l'espoir ( vain) de retrouver leurs enfants disparus, enlevés et tués par la junte militaire.


Ce quatrième tome des oeuvres de Karin Clercq est sans conteste une réussite magistrale, elle le présentera le 9 octobre au Botanique dans le cadre du Festival FrancoFaune.


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