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Critique de ” Diary of the dead “

Par Sebouz

Critique Cinémafrance

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Quarante ans après La nuit des morts-vivants, George A.Romero revient pour le cinquième volet de sa saga consacrée aux méchants zombies.
On était resté sur un sentiment semi-mitigé à la vision de Land of the dead il y a deux ans, film trop commercial décrivant une Amérique post-apocalyptique dans laquelle les zombies décuplaient d'intelligence pour s'unir afin de survivre ( si on peut dire ! ). Magnifiquement réalisé ( comme tous les films de Romero ), Land of the dead décevait. Les préoccupations politiques y étaient moins présentes, le film se contentant d'être très efficace ce qui n'est déjà pas peu. Néanmoins, on en attendait davantage de l'auteur de La nuit des morts-vivants et Zombie.

Dans Diary of the Dead - Chronique des morts vivants, Romero revient à un aspect créateur plus ambitieux. On y suit un groupe de jeunes étudiants qui, travaillant sur un film de fin d'études ( une momie poursuivant l'une de ses victimes « femelles ») , apprennent par la radio que des morts ressuscitent. Deux, trois cas : on n'y croit pas trop. Puis le phénomène s'étend et il faut se rendre à l'évidence : ce qui se passe ici est à filmer. C'est la chance de leur vie.

Le film démarre sur les chapeaux de roues. Une journaliste est filmée face caméra. En off, la voix du caméraman. Derrière la journaliste, on sort sur des civières, les corps des cadavres issus d'un drame familial. Problème : les corps bougent encore. Les créatures se mettent en marche. Le cauchemar commence. Filmé à la manière de REC et Cloverfield, à l'arrachée, Diary of the Dead - Chronique des morts vivants propose une violence crûe, brute, frontale puisque tout est censé y être filmé par des étudiants munis de petites caméras. Mais côté mise en scène, Romero ne s'en laisse pas conter et en vieux baroudeur des écrans tachés de sang, il filme avec précision tout en ayant l'air d'un débutant. Belle prouesse !

Diary of the Dead - Chronique des morts vivants
est découpé en saynètes, en petits morceaux de terreur qui se terminent “cut”, sans fioriture ( panne de batterie, changements de caméra à la volée, obligeant à couper fissa les scènes en train de se dérouler ). Autant de minis concentrés de terreur qui nous glaçent le sang. Le montage est fruste, le résultat magistral. Tout en captant l'horreur, Romero fait montre d'une réalisation magistrale, le petit budget accordé et le nombre de jours de tournage restreint ( 23 jours ) l'obligeant à se renouveler constamment tout en gardant sa propre identité de metteur en scène.

On le sait aujourd'hui, ce qui intéresse Romero derrière ses films zombiesques, c'est l'arrière-plan social et politique ( critique de la guerre du Vietnam dans La Nuit des morts-vivants, apologie de la société de consommation dans Zombie ). Ici, il s'en prend à la multiplication des outils multimédias ( mini voire micro caméras, téléphones portables vidéo) et à leurs moyens de diffusion accrus ( la fameuse ère YouTube ). La démonstration est fascinante. La tension ne se relâche jamais ( en tant que film d'action réussi, Diary of the Dead - Chronique des morts vivants s'apparente à un western sauvage et déjanté ) et la réflexion pertinente n'aura jamais eu un parfum de fin du monde aussi fort. Toujours aussi misanthrope et ouvert au monde qui l'entoure, Romero, à 68 ans passés, vient de réaliser avec ce film indépendant l'un des meilleurs épisodes de sa saga, à classer pour son intelligence, sa clairvoyance et sa radicalité à coté des deux premiers opus. Rien que ça !

Après le « gentil » Land of the dead, George A.Romero revient à un cinéma plus personnel qui marquera à jamais le cycle débuté en 1968 avec La Nuit des morts-vivants. Plus qu’un bon film, Diary of the dead est un grand film.


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