

On revendique sa culture, son Histoire. On met en scène des événements qui ont forgé nos sociétés, nos groupes ethniques, qu'ils soient dignes de fierté ou terribles. La colonisation, l'acculturation forcée, le mépris de l'indigène, la douleur de l'exil, d'un côté. Et puis la continuité dans les démonstrations culturelles, la perpétuation des traditions, la non résignation, le courage de résister. Les danses à travers le monde montrent parfaitement la capacité de résilience des peuples. Par là même, la danse devient politique. Un outil de revendication qui va bien au-delà des discours et des débats stériles. Quand les discussions s'évertuent à s'interroger sur le racisme, l'intégration, le respect, la danse leur rit au nez, se plante au centre, en pleine lumière et dit "je suis là", "j'existe", "je suis comme je suis". Métisse, mélangée, tissée d'influences multiples et hétérogènes qui produisent une manifestation pourtant cohérente, reconnaissable. En réalité, la danse est subversive. Parce qu'elle a pris sans protester des centaines d'amants, adopté des milliers d'enfants et qu'elle se déshabille devant nous, nous entraîne à faire de même, sans fausse pudeur. Le flamenco en est un bel exemple, lui qui contient dans ses veines du sang arabe, gitan, juif, peuples haïs des catholiques pendant des siècles et dont pourtant ils revendiquent l'art à travers le flamenco. Quand un espagnol exprime son dénigrement envers les populations qui lui sont étrangères et s'approprie dans un même temps le flamenco en tant que danse nationale, il est pris à son propre piège. Quand il tape dans ses mains, au spectacle, c'est au même rythme que celui imprimé par des mains brunes, gitanes, orientales bien avant lui. La danse sème un trouble bénéfique dans les références culturelles et nous enveloppe dans un multiculturalisme réjouissant.

