J’ai mis un peu de temps mais voici enfin mon avis sur le 5ème livre sélectionné par les Editions Le Cercle – Points dans le cadre de l’attribution du prix du meilleur polar 2018, dont je fais partie du jury.
(D’ailleurs, pour retrouver mes précédentes chroniques sur les autres titres de la sélection c’est ici!)
« Si belle mais si morte » est une lecture que j’ai trouvé surprenante à la fois dans sa forme et quant à son contenu…
Le livre : « Si belle mais si morte »
Crédit photo : Cosmic Sam
L’auteure : Rosa Mogliasso est une écrivaine italienne. Elle a également fait partie d’une compagnie de théâtre d’ombres pendant de nombreuses années et est actuellement curatrice et responsable de la programmation du Théâtre Baretti de Turin. C’est par le biais du théâtre qu’elle est arrivée à l’écriture. Elle a notamment écrit une série policière dont le héros est la Commissaire Barbara Gillo (cette série policière a reçu plusieurs prix) ainsi que le court roman « Si belle, mais si morte ».
Le résumé : « Un chemin sur la berge d’un fleuve. Ils sont nombreux à l’emprunter chaque matin : une jeune femme y promène son chien, un couple de lycéens s’y cache pour sécher les cours, un clochard y traîne sa folie, un jeune boulanger aime y méditer. Mais ce jour-là, au bord de l’eau, une femme aux escarpins rouges est allongée. Morte. Tous passeront devant elle, tous la verront, aucun n’interviendra. Personne n’appellera la police, personne n’en parlera. Ils ont tous d’excellentes raisons de l’ignorer et de tenter de se convaincre qu’un autre s’en chargera. Mais il n’est pas si facile de vivre avec cette lâcheté, cette indifférence, cet égoïsme. Chez chacun d’eux, la confrontation avec la belle morte causera un séisme intime. Et leur vie s’en trouvera radicalement changée. »
Mon avis : Dans cette histoire, le lecteur suit une galerie de personnages diamétralement opposés et très théâtraux (à la façon d’une « commedia dell’arte« ) qui, tour à tour, au cours d’une journée découvrent le cadavre d’une jeune femme. Pourtant aucun d’entre eux n’en fait immédiatement état à la police. Tout le but de la lecture est alors de savoir pourquoi ces personnes ne signalent pas cette macabre découverte et s’ils vont finir par revenir à la raison pour permettre de savoir ce qui est arrivé à la malheureuse. Au cours de la journée et de celle du lendemain, les personnages vont devoir se remettre en question et cette découverte fortuite va avoir un effet domino sur leur vie.
Ce livre se lit davantage comme une nouvelle que comme un roman. En effet, il est très court (une centaine de pages) et peut se lire d’une traite en quelques heures. Il se compose de courts chapitres qui permettent d’alterner les points de vue des différents personnages.
C’est une histoire assez grinçante et pleine d’humour noir qui se lit agréablement et qui est constitutive d’une bonne distraction mais sans plus selon moi…
D’une part, il n’y a pas de « suspense » dans cette histoire qui est davantage centrée sur le comportement social des personnages et leurs raisons d’agir comme ils le font.
En outre, tout y est caricatural, ce qui m’a empêché de m’attacher aux personnages même si j’avais envie de savoir ce qui allait leur arriver et surtout si l’un d’entre eux allait finalement contacter la police.
Tout au long du livre, il semble impensable pour le lecteur que plusieurs personnes tombées sur le corps d’une jeune femme sans vie puissent rester presque indifférentes à une telle découverte, mais je dois dire que la chute du livre est vraiment surprenante et donne une toute autre couleur à cette histoire.
Je ne peux pas en dévoiler plus sous peine de tout gâcher, mais grâce à sa chute ce petit livre amène à réfléchir sur notre propre comportement dans une situation comparable. Parfois notre « bonne moralité » nous semble acquise, mais qui sait de quoi nous serions réellement capables dans une telle situation.
En bref : Selon moi, ce livre mérite d’être lu pour sa chute, mais n’a pas vraiment sa place parmi la sélection pour le prix du meilleur polar 2018!