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[Critique] LE BON APÔTRE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] LE BON APÔTRE

[Critique] LE BON APÔTRE

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Titre original : Apostle

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Gareth Evans
Distribution : Dan Stevens, Lucy Boynton, Michael Sheen, Bill Milner, Mark Lewis Jones, Kristine Frøseth, Annes Elwy…
Genre : Drame/Horreur
Date de sortie : 12 octobre 2018 (Netflix)

Le Pitch :
Un homme se rend sur une île éloignée de la civilisation afin d’infiltrer une secte qui a kidnappé sa sœur. Ce qu’il va découvrir sur place va dépasser l’entendement…

La Critique de Le Bon Apôtre :

Réalisateur gallois remarqué avec Merantau puis célébré avec le brutal The Raid ainsi que sa suite, Gareth Evans revient sur le devant de la scène, sur Netflix, et change pour l’occasion complètement de registre. Dans Apostle, alias Le Bon Apôtre sur nos terres, point d’arts-martiaux et de bastons sauvages (quoi que). Non, car Le Bon Apôtre s’inscrirait plus dans la lignée du récent et absolument indispensable Brimstone : une plongée étouffante et immersive dans l’horreur la plus sombre. L’horreur que le metteur en scène avait d’ailleurs un peu titillé avec son sketch Safe Haven de l’anthologie un peu boiteuse V/H/S/2

Le-bon-apotre-Apostle-Michael Sheen

« Nul homme n’est une île »

Le bon apôtre du titre, c’est Dan Stevens. L’acteur vu dans The Guest ou plus récemment dans La Belle et la Bête (c’était la Bête) campe ici un ancien dévot de Dieu forcé de pénétrer les arcanes d’une secte, sur une terre lointaine oubliée du christianisme. Un village qu’on dirait posé au milieu du cratère d’un volcan éteint, dans lequel les hommes prient une divinité censée leur apporter allégresse et bonnes récoltes. Une cité bâtie par des illuminés au cœur d’une magnifique nature dont la beauté cache justement une indicible horreur. Avec Le Bon Apôtre, Gareth Evans, qui a aussi écrit le scénario, livre ainsi une réflexion véritablement profonde et ambitieuse sur la religion. Sur le rapport de l’homme à Dieu et à sa création. À une époque où la question revient sans cesse au travers d’une actualité violente caractérisée par la récurrence du fanatisme, Le Bon Apôtre brille d’emblée par sa pertinence. Evans dresse un constat accablant de nos sociétés phagocytées par une dévotion à double-tranchant, qui ne fait que se contredire elle-même. Les personnages adorant dans la cas présent une déesse qu’ils ne considèrent finalement que comme une machine capable de leur apporter la prospérité. La prière n’étant que l’expression d’une volonté accablée par les limites de leur idéologie.
Le fait que Gareth Evans ait choisi comme personnage principal un homme qui a rejeté Dieu, est donc très intéressant car cela met puissamment en lumière les outrances d’un culte qui se rapproche du christianisme par sa faculté à interpréter une parole divine dont le sens est adapté au bon vouloir des représentants de la société.
Dans ces conditions, Le Bon Apôtre est bien évidemment beaucoup plus stimulant intellectuellement que The Raid, qui était porté sur le spectacle pur et dur. Ce qui ne veut pas dire qu’Evans a renoncé à son goût des affrontements barbares et que sa caméra est devenue plan-plan. Bien au contraire…

Barbares

Le Bon Apôtre tient certes du conte philosophique, mais aussi du pur film d’horreur. Dans une ambiance qui n’est pas sans rappeler celle de Brimstone donc, dans une humidité constante, alors que la forêt aux alentours du village exerce une pression sur les esprits, le récit contient suffisamment de fulgurances pour permettre à Gareth Evans d’organiser une inexorable montée en puissance, caractérisée par des séquences hyper brutales. Surtout dans la dernière partie, où tout s’emballe. Libre de toutes contraintes, Gareth Evans tisse une histoire complexe et va jusqu’au bout de son propos, en faisant plusieurs fois parler la poudre sans là encore retenir ses coups. Sa mise en scène fait mal, sa caméra est toujours au bon endroit et sa direction d’acteurs s’avère aussi précise que totalement adaptée afin de laisser aux comédiens les coudées libres. Dan Stevens, encore une fois parfait, trouve un rôle à la croisée de celui qu’il tient dans la série Legion et de celui qu’il campait dans The Guest, alors que Lucy Boynton, que l’on a découvert dans Sing Street et qui sera bientôt dans Bohemian Rhapsody, confirme un talent à fleur de peau ici complètement exploité. Et si Martin Sheen s’avère aussi intense que possible, c’est bien le terrifiant Mark Lewis Jones qui marque le plus les esprits, lui dont le rôle lui permet de faire preuve dans un premier temps d’une finesse perverse mais aussi, par la suite, d’une sauvagerie qu’il incarne avec une intensité parfois carrément douloureuse. Le tout dans un déferlement de sang, qui ira nourrir une nature filmée dans le cas présent comme un personnage à part entière.
Alors oui, parfois, le rythme s’enlise un peu. Avec 20 minutes de moins, Gareth Evans aurait signé un authentique chef-d’œuvre. En l’état, son Bon Apôtre est néanmoins suffisamment jusqu’au-boutiste et malin pour s’imposer comme l’un des temps forts de l’année.

En Bref…
Du cinéma comme on en voit de moins en moins dans les salles. Le Bon Apôtre est un film âpre et douloureux. Une lente descente aux enfers dont le discours sur le rapport de l’homme à la religion fait mouche plutôt deux fois qu’une.

@ Gilles Rolland

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   Crédits photos : Netflix


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