Réalisé par : Mike Flanagan
Avec : Carla Gugino, Henry Thomas…
Durée : 1h
Nombre d’épisodes : 10
Genre : Horreur/Drame
Date de sortie : 12 Octobre 2018 sur Netflix
Synopsis :
Plusieurs frères et sœurs qui, enfants, ont grandi dans la demeure qui allait devenir la maison hantée la plus célèbre des États-Unis sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. La famille doit enfin affronter les fantômes de son passé, dont certains sont encore bien présents dans leurs esprits alors que d’autres continuent de traquer Hill House.
Critique :
« Les voyages se terminent quand les amants se rencontrent »
Dépoussiéré, le voyage initié par Shirley Jackson en 1959 dans son célèbre roman gothique retrouve enfin sa prestance d’antan. Après deux adaptations, c’est donc au tour du petit écran de nous plonger dans les ténèbres de Hill house.
Devant la caméra de Mike Flanagan (Jessie, Oculus…) la demeure prend vie nous happant dans ses couloirs sombres, hantés par des âmes esseulées qui n’attendent qu’une faille pour s’emparer des peurs et des secrets de chacun. Tourbillonnant dans ce piège de pierre, la famille Crane se débat entre passé et présent, entre lumière et ténèbres.
Prenant ses aises avec la chronologie des événements, Flanagan nous entraine dans une ballade temporelle à la transition millimétrée. Si les quelques minutes peuvent déstabiliser, une fois la notice comprise on se laissera bercer avec fascination et émerveillement devant cet exercice de style brillamment exécuté.
Vendue comme une série horrifique, le surnaturel n’est pourtant qu’un prétexte à Hill House pour nous conter les vertus ou la déchéance humaine. Des larmes aux frissons, des rires à la terreur, le réalisateur s’amuse à mélanger les genres au moment même où l’on si attend le moins. Ce changement d’état en un claquement de doigts est si subtil, si parfait que la peur ne peut que s’immiscer. Les jump scare n’ont jamais paru aussi effrayant, la peur devient viscérale, froide et collante. Puis, revient la lumière, le drame et le cycle perpétuel peut enfin recommencer.
Au bout de ce conte gothique se tient pourtant la clé de la délivrance, l’étape nécessaire si difficile à défier : le deuil. Omniprésent dans chaque épisode, The Haunting of Hill House traite la question tantôt avec délicatesse tantôt en nous secouant les tripes. La peur devient libératrice, dénouant les noirceurs et les regrets sur un tapis de surnaturel. Mauvaise ou aidante ? Rien n’est si facile concernant Hill House et découvrir son vrai visage ne vous aidera pas à décider de son statut, la frontière est si mince parfois…
Magnifique et imposante, Hill House étend son ombre de prédateur avec grâce nous offrant une ambiance gothique de toute beauté, de ses statues joueuses aux couloirs interminables, jusqu’à cette chambre rouge qu’il vous faudra bien finir par ouvrir.
Au rayon des apparitions, la femme au cou tordu devrait hanter vos nuits lors d’un épisode particulièrement éprouvant qui est devenu au passage mon préféré (épisode 5). Mais le réalisateur est bien plus farceur que cela et il vous faudra scruter les ombres pour trouver les nombreux revenants subtilement fondus dans le décor, de quoi apprécier un second visionnage. Et puis il y a cet épisode 6 en plan-séquence d’une maitrise absolue qui fera beaucoup parler de lui amenant une immersion totale au côté des acteurs, virevoltant autour d’eux en aspirant la moindre mimique, le moindre sentiment et bien sûr les ténèbres.
Flanagan capture l’essence du roman avec intelligence, apportant quelques notes subtiles que cela soit dans les noms des protagonistes (il y aura même une Shirley) ou dans certaines citations, les fans de l’auteur ne pourront qu’apprécier cet hommage inattendu au casting impeccable. En effet, que cela soit chez les enfants ou les adultes, la ressemblance et le talent saute aux yeux et contribuent à rendre le spectacle convainquant et réaliste. Gros coup de cœur personnel pour Carla Gugino qui confirme son classement dans mes actrices préférés.
Commencé dans les frissons, fini dans les larmes, The Haunting of Hill House referme ses portes sans fausses notes nous laissant aux prises avec des sentiments contradictoires et une méchante gueule de bois horrifique mais avec une seule envie : celle de prolonger le bail de location pour en percer tous ses mystères.
Vous l’aurez compris, The Haunting of Hill House est un énorme coup de cœur. Je ne pensais jamais assister un jour à un tel spectacle même dans mes rêves de fan du genre. C’est bien simple, jamais une série ne m’aura fait passer par autant d’émotions, jamais autant pris aux tripes. J’ai eu peur, j’ai ri, j’ai pleuré mais dieu que j’aimé cela alors, à votre tour maintenant d’y entrer Hill House vous attend.
Votre dévoué Freddy
Note: