Après avoir reçu nombres d’éloges avec leurs précédentes productions, le quartet originaire de Cleveland revient avec un cinquième album sur lequel la similarité avec la voix de Kurt Cobain demeure une évidence sur certains passages, pour la fraîcheur de sa voix presque juvénile dans l’expression de sa rage. Pour autant, globalement, on oublie vite cette similitude car le style est différent, même si bien éraillé.
Personnellement, Last Building Burning me rappelle aussi la ferveur des premiers albums d’un autre groupe phare des années 90, pour la très bonne production, le caractère expéditif des chansons, et toujours l’incroyable jeu punk de leur batteur, malgré un son bien plus propre : Green Day (« Another way of life »).
Une exception cependant : l’intense « Dissolution » qui donne l’impression de subir une extension live et qui se transforme lentement en une salve caustique de plus de dix minutes digne d’un véritable trip sonore ! Seuls question : pourquoi se morceau ne termine-t-il pas l’album ? Nous avons deviné la réponse : pourquoi pas !
Les Cloud Nothings savent maîtriser leurs émotions, le chaos naissant de leur musique ou du chant, un chaos finissant toujours par devenir moins opaque dès lors que l’on ne se focalise plus dessus. Car chaque instrument possède son propre espace de liberté, lui permettant de s’exprimer en toute liberté et, n’en déplaise aux mauvaises langues, sans aucune cacophonie.
Les quatre Américains ne cherchent pas le consensus, même parmi les fans de rock. Malgré tout, on ne peut leur reprocher d’effectivement avoir cet esprit rock, libertaire et dès lors jouissif qui colle par essence au vrai rock. Avec intensité, comme par exemple sur « The echo of the world ».
En somme, soit vous faites partie de ceux qui aimeront cet album, soit vous êtes de ceux qui ne savent en fait pas ce que signifie – même en 2018 – le mot rock.
Le groupe rock de cette fin d’année ? Sans hésité, oui !
(in heepro.wordpress.com, le 19/10/2018)
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