Partager la publication "[Critique série] THE FIRST – Saison 1"
Titre original : The First
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Beau Willimon
Réalisateurs : Agnieszka Holland, Daniel Sackheim, Deniz Gamze Ergüven, Ariel Kleiman.
Distribution : Sean Penn, Natascha McElhone, LisaGay Hamilton, Anna Jacoby-Heron, Hannah Ware, James Ransone, Brian Lee Franklin, Oded Fehr, Melissa George…
Genre : Drame
Diffusion en France : OCS/Canal + Séries
Nombre d’épisodes : 8
Le Pitch :
Dans un futur proche, la première mission spatiale destinée à poser les bases de la colonisation de l’homme sur Mars, est lancée. Alors que tout se déroule à merveille, la fusée transportant les astronautes explose en plein vol. Rapidement néanmoins, alors que le pays est en plein émoi et que la légitimité de cette mission est remise en compte, la responsable des opérations, Laz Ingram, et Tom Hagerty, un astronaute récemment retraité, préparent un nouvel essai…
La Critique de la saison 1 de The First :
C’est alors que Damien Chazelle et Ryan Gosling racontent au cinéma l’histoire du premier vol habité sur la Lune, que Beau Willimon, le showrunner de House Of Cards, prend un peu d’avance et relate l’histoire de la première mission sur Mars, avec The First. The First et First Man qui, en dehors de la ressemblance de leurs titres, partagent aussi ce désir d’échapper à tout sensationnalisme pour avant tout se concentrer sur les hommes à la base de l’exploit au centre du postulat. D’un côté Neil Armstrong donc, un héros tout ce qu’il y a de plus réel, et de l’autre Tom Hagerty, un astronaute désireux d’enfin parvenir à poser le pied sur la planète rouge. Dans les deux cas une proposition personnelle et parfois néanmoins déconcertante, et deux hommes changés par une tragédie. Surtout en ce qui concerne The First à vrai dire…
Mission to Mars on Earth
The First est déconcertante car elle reste au sol. Autant le savoir avant de débuter cette première saison, la série n’a rien d’une odyssée spatiale à la Mission to Mars, de Brian de Palma ou encore des œuvres comme Planète Rouge. Non ici, il est question de la préparation de la dite-mission, probablement davantage exploitée dans la saison 2 (si saison 2 il y a), alors que les personnages se racontent au travers de leurs démons personnels, de leurs ambitions et de divers problèmes qui viennent mettre en péril la bonne réussite des opérations.
Alors oui, on ne va pas se mentir, au début, quand il semble clair que les 8 premiers épisodes de ce premier acte ne vont pas donner dans le grand spectacle mais plutôt dans l’introspection parfois carrément métaphysique, on est un peu déçus. Après néanmoins, la prose de Beau Willimon et le travail sur la photographie, assorti à une mise en scène élégante, sans cesse inspirée et exigeante, font leur petit effet. Tandis que The First dévoile ses véritables intentions, en prenant des risques considérables, le scénario sait se montrer non seulement passionnant, mais aussi terriblement déchirant parfois, alors que les enjeux favorisent l’expression de sentiments complexes, ici parfaitement illustrés.
Un Mars et ça repart
Porté par un scénario mettant en avant un vrai amour des personnages et une pertinence de tous les instants, tantôt à fleur de peau, tantôt plus rentre-dedans, la série jouit également bien sûr du talent de ses acteurs. Au premier plan, Sean Penn retrouve un rôle à la hauteur de son extraordinaire capacité à tout jouer. Physiquement, le comédien impressionne. Musclé, massif, le visage dévorée par une barbe qui illustre une lassitude qui va peu à peu se dévoiler au fil des épisodes, se délitant également au profit d’un déterminisme dévorant, Penn est magnifique. Tout spécialement face à la jeune fille qui joue sa fille, à savoir Anna Jacoby-Heron. Concernant cette dernière, on peut d’ailleurs parler de révélation. Rajoutez à cela la présence solide de Natascha McElhone, dans un rôle taillé sur mesure, la sensibilité de Melissa George et tous les autres superbes acteurs qui composent le casting et vous aurez une idée du niveau de l’ensemble. Parce qu’au fond, The First est très théâtrale. Vers la fin de la saison, alors qu’un épisode table sur des allers-retours dans le temps, cette notion prend vraiment tout son sens. Les décors sont épurés au maximum, tout comme les effets de mise en scène. Les acteurs s’expriment avec toute l’ampleur nécessaire au cœur d’une dynamique complexe et exigeante, qui parvient à magnifiquement souligner les sentiments, donnant aussi un bel écho aux thématiques abordées.
Le dernier épisode tentant quant à lui carrément de faire du pied à Terrence Malick ou Stanley Kubrick, avec beaucoup de délicatesse et de poésie, même si la démarche est un poil voyante. Échappant aux clichés du genre, surprenante et déconcertante, The First est une série en perpétuel mouvement. Espérons que les regrettables mauvaises critiques et autres reproches émanant de spectateurs qui s’attendaient visiblement à autre chose, ne la condamnent pas trop vite car la fin laisse présager le meilleur pour la suite.
En Bref…
The First prend son temps et tourne le dos aux attentes qu’elle a pu susciter pour proposer autre chose. Touchante, déchirante parfois, elle s’apparente davantage à une authentique tragédie familiale dans un monde à la dérive, à la recherche d’une alternative. Une émouvante proposition, aussi élégante qu’exigeante de la part de Beau Willimon.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Hulu