Magazine Culture

Anna Calvi ‘ Hunter

Publié le 25 octobre 2018 par Heepro Music @heepro

Anna Calvi ‘ HunterIl est rare qu’une artiste s’attire la faveur des critiques dès son premier album, alors qu’elle semble sortir de nulle part. C’est pourtant ce qui se passa pour Anna Calvi en 2011 avec son album éponyme, album qui semble l’avoir installée sur la plus haute marche du rock féminin version 10’s. Et de toute évidence, à très juste titre.

Hunter, son troisième album, succède à son EP en collaboration avec le grand David Byrne. Ici, elle retrouve Nick Launay à la production, ainsi que Martyn Casey des Bad Seeds à la basse et Adrian Utley de Portishead aux claviers.

Notre dualité homme-femme surgit dans le single « Don’t be the girl out of my boy », lequel vient fondamentalement confronter les codes sociétaux qui vont jusqu’à nous dicter comment agir, comment être, comment penser selon que l’on est un garçon ou une fille. Anna Calvi vient frapper un grand coup dans cette conception qui nous est imposée d’être soit l’un, soit l’autre, l’un par rapport à l’autre, l’un en opposition avec l’autre : un homme a naturellement le droit de montrer ses émotions, une femme a naturellement le droit d’être forte !

Loin de cette notion de déterminisme, et sans se préoccuper des genres, Anna Calvi aborde en fait des thèmes transversaux et qui peuvent cohabiter sans le moindre souci : beauté et brutalité, puissance et vulnérabilité, avec toute la liberté de pencher parfois d’un côté, parfois de l’autre. La sexualité, l’un des thèmes les plus universels qui soient, nous explose en pleine face, à la fois masculine et féminine !

Être queer n’est pas aisé, l’affirmer si haut et si fort requiert force et personnalité. La photo choisie pour l’album, tout en rappelant son tout premier album, s’éloigne irrémédiablement de celui-ci : plus rien de sexy, à peine quelques traces de féminité avec le rouge à lèvres ou les yeux maquillés, mais ces cheveux transpirant et cette peux en sueur rappellerait la bestialité masculine après, pourquoi pas, un combat de boxe ! Anna Calvi brouille l’interprétation, elle est les deux à la fois, ou ni l’un ni l’autre peut-être.

Est-elle la proie d’un chasseur ou elle-même la chasseresse en quête d’une proie ? Une chose est certaine : Hunter me réconcilie enfin avec l’artiste anglaise qui m’enchante littéralement avec un disque rauque, âpre, viscéral, humain et finalement tellement touchant. La dichotomie homme-femme perdurera malgré ce type d’œuvres, et moi j’ai besoin de ces artistes qui remettent tout cela en question. Car leur musique n’en est que plus belle et émouvante !

Une question se pose à cet instant précis : est-ce son plus bel album ? Je pense que oui, et me demande même comment elle pourra le dépasser, tant je suis persuadé qu’il va devenir encore plus poignant dans les mois à venir.

(in heepro.wordpress.com, le 25/10/2018)

Publicités

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Heepro Music 2396 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines