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14-18, Albert Londres : «N’insistez pas, nous crie-t-il, vous voyez bien que je tiens.»

Par Pmalgachie @pmalgachie
14-18, Albert Londres : «N’insistez pas, nous crie-t-il, vous voyez bien que je tiens.»
Dure bataille
(De l’envoyé spécial du Petit Journal.) Front britannique, 24 octobre. Dure est la bataille. Le Boche soutient le choc des trois armées anglaises et il détale. Il donne même nettement l’impression de jouer sur l’usure. Ayant pu s’accrocher où il est, il se demande si un suprême effort, faisant illusion, ne pourrait pas le sauver du déménagement précipité. L’histoire de ces quatre années de guerre est pleine de ces bluffs d’ennemi à ennemi. Quelle est l’armée qui, trompée par des apparences, n’a pas au moins une fois laissé tomber sa chance de porter le coup de grâce. C’est là-dessus que l’Allemand compte. Il se cramponne pour nous déconseiller de continuer l’attaque. Son espoir ne réside plus désormais que dans l’avortement de nos efforts. Il est encore homme à promettre, il n’est plus homme à tenir. C’est ce qu’il fait depuis hier, c’est la signification de sa résistance. N’insistez pas, nous crie-t-il, vous voyez bien que je tiens. Les Britanniques, quand ils le veulent, sont de remarquables sourds. Ce sont des gens qui n’entendent rien que ce qu’ils veulent. Des combats violents partout se déchaînent. À Tournai, dans le faubourg de Lille, canons et hommes nous opposent la plus violente des barrières. À Tournai toujours, le petit bois au sud du faubourg Saint-Martin change trois fois de mains et retombe dans celles de l’ennemi. À Froidmont, ayant foncé tête baissée, nous prenons 88 prolonges et caissons et 43 voitures attelées. Au nord de Valenciennes, nous nettoyons la forêt de Raismes, prenons Thiers, Auterives et plusieurs villages. Au sud de Valenciennes, sur tout le front de bataille, lutte déchaînée. On le repousse. Au nord-est du Cateau nous nous mettons en demeure d’entamer un gros morceau de la forêt de Mormal. Nous avons Bouzie, nous avons les dents dans la peau de la bête, elle viendra.

Le Petit Journal

, 25 octobre 1918.

14-18, Albert Londres : «N’insistez pas, nous crie-t-il, vous voyez bien que je tiens.»
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